Permutation : remplacement croisé d’une personne par une autre, rarement un principe plutôt une possibilité lorsqu’il s’agit de deux postes identiques dans un même groupe (reclassement, inaptitude), impossible dans l’administration sans déclarer le poste vacant, existe à l’éducation nationale pour changer de département, parfois entre lycées. La permutation peut être considérée comme le principe générique de l’ordre juridique car toute personne qui prend la place d’une autre laisse aussi une place vide qui pourra être prise par une autre, il s’agit alors de permutation circulaire.

Certes un représentant ne prend pas la place de quelqu’un d’autre et ne laisse pas sa place mais il agit au nom et pour le compte ce qui ne lui permet pas de représenter d’autres personnes s’il y a des conflits d’intérêt, ce qui laisse la place à d’autres. Dans la famille, on était enfant, on devient parent dans des relations différentes mais parfois à l’égard de ses propres parents devenus vieux dont on s’occupe. Dans le rapport de nationalité de nouveaux nationaux arrivent pendant que des anciens nationaux partent, pas de permutation réellement mais mouvement d’inclusion et d’exclusion de l’ordre juridique lui-même chaotique avec des brèches. Permutation en procédure entre la première instance et l’appel, voir la cassation, permutation des places.

Le principe de permutation parait plus général que la substitution qui ne peut être que provisoire, il recouvre la succession qui fait permuter un de cujus par un héritier. Peut trouver un fondement dans les mathématiques tout en indiquant bien qu’en droit l’ordre est aussi désordre.

Voir : Silvia Lippi, Rythme et mélancolie, Erès, 2019 « un rythme, d’après Maldiney, fondé sur des tensions qui ne sont pas des cadences, et selon des permutations infinies, comme le dit Levis-Strauss » (p.168) « son rythme est celui du free jazz, un rythme sans cadences, construit sur des permutations et des remplacements inattendus », (159), il y a de l’imprévisibilité dans l’ordre juridique …« La conception de Lévi-Strauss nous paraît plus propice : le rythme dans le free jazz est donné par une série de permutations indéfinies, non forcément binaires, mais aptes à en faire l’ »unité ». C’est presque paradoxal : la multiplicité fait système » (p.153) …« c’est la conception du rythme comme série de permutations, et non celle fondée sur l’alternance entre les termes, qui nous intéresse pour penser la direction de la cure. Notre hypothèse est que le rythme dans l’analyse – rythme donné par la ponctuation, la scansion et l’équivoque – permet une transformation de la jouissance du sujet » (24) … L’ordre, le système, la structure n’est pas fixe et fermé mais il se forme une certaine unité par l’enchevêtrement des permutations circulaires, son ouverture vient du fait que des rapports de droit ont lieu entre les systèmes : « la notion de rythme recouvre la série des permutations permises pour que l’ensemble forme un système » (Levis-Strauss 157, regarder écouter lire, Plon, 93) « le rythme ne se constitue pas à partir d’alternance mais de permutations, ie des variations, des échanges, des transferts qui s’instaurent selon un agencement précis, permettant l’unité du système » (p. 23 et en note 31 « une permutation est un changement dans l’ordre de succession des éléments d’une structure ») …« une cure qui s’inspire du free jazz (car instruments sans hiérarchie se répondant) cherche ses formes de prévisibilité dans des lieux inattendus et n’abjure pas la chaos. Une intervention, une scansion, une ponctuation, plutôt que pour cadrer le sujet maniaque, viennent l’inspirer » (p. 151), la procédure ne cherche pas à cadrer mais à inspirer, à générer un évènement, une co-présence. Une procédure doit avoir un rythme donné par le juge de la mise en état pour avoir un effet, pas seulement une vitesse.