CONTRAINTE DE L’ALLITÉRATION OU DE L’ASSONANCE :  transformer un texte juridique préexistant ou créer un texte de toute pièce utilisant des effets d’allitération ou d’assonance pour accroître l’effet normatif.

Viveca Mezey

228-3-2 al. 1 du Code de commerce

L’intermédiaire qui a satisfait aux obligations prévues aux septième et huitième alinéas de l’article L. 228-1 peut, en vertu d’un mandat général de gestion de titres, transmettre pour une assemblée le vote ou le pouvoir d’un propriétaire d’actions ou d’obligations.

NB Les obligations visées imposent à l’intermédiaire d’effectuer certaines déclarations et donner des informations concernant le propriétaire.

Allitération avec des consonnes labiales : p, b, f, m, v.

Après avoir performé, le plénipotentiaire peut transmettre pour l’assemblée le vote ou le pouvoir d’un propriétaire d’actions ou d’obligations.

Allitération avec des consonnes vélaires (celles qui sont prononcées avec la voûte du palais) : k, g, w

 

Pour le conventicule, l’alter ego peut daigner de signifier le jugement ou d’être l’exégète d’un capitaliste, une fois la kyrielle finie, l’agrément de grailler donné.

Pour le conventicule (assemblée), l’alter ego (l’intermédiaire) peut daigner de signifier le jugement (le vote) ou d’être l’exégète (être détenteur d’un pouvoir) d’un capitaliste, une fois la kyrielle finie (exécution des obligations), l’agrément de grailler donné (le mandat de gestion de titres).

Isabelle Ta note qu’il existe déjà dans le Code civil des textes allitérés,

Par exemple article 1017 CC :

Les héritiers du testateur, ou autres débiteurs d’un legs, seront personnellement tenus de l’acquitter, chacun au prorata de la part et portion dont ils profiteront dans la succession.

Ils en seront tenus hypothécairement pour le tout, jusqu’à concurrence de la valeur des immeubles de la succession dont ils seront détenteurs.

Les définitions proposées des allitérations et consonances dans le dictionnaire des figures de style de N. Ricalens-Pourchot :

Allitération (etym. Mot « probablement emprunté (1761) à l’anglais alliteration (1656) formé de action directe (->à) et de littera (-> lettre) sur le modèle de adlocutio (Le Robert, dictionnaire historique de la langue française)

Définition : « C’est une répétition des consonnes initiales (et par extension des consonnes intérieures) dans une suite de mots rapprochés. L’allitération peut être un procédé de style » (Le Petit Robert).

‘Jeu de consonnes’

L’allitération volontaire est considérée comme une figure de style par l’effet d’expressivité qu’elle créé ; elle attire l’attention sur la teneur sonore de l’énoncé et par sa fonction imitative.

Pour qui sont ces serpents qui sifflent sur vos têtes ? (Racine, Andromaque, acte V, scène III).

Les occurrences des s suggèrent inévitablement le sifflement des serpents

Un frais parfum sortant des touffes d’asphodèles. Les souffles de la nuit flottaient sur Galgala (V. Hugo, La légende des siècles, « Booz endormi »)

Les occurrences des sons f suggèrent la légèreté. Toutefois, l’interprétation du retour des sonorités reste délicate. La répétition des p et t dans l’exemple suivant évoquerait le bruit léger et répété des gouttes de pluie contre une vitre de même que la répétition des l créérait une certaine impression de douceur et de tristesse :

La pluie froide et tranquille qui tombe lentement du ciel frappe mes vitres à petits coups comme pour m’appeler ; Elle ne fait qu’un bruit léger et pourtant la chute de chaque goutte retenti dans mon cœur (A. France, La vie littéraire, 1910)

Assonance (Etym. C’est un emprunt d’époque classique (av. 1690) à l’espagnol asonancia (1625) du verbe asonar, lui-même du latin asonare, adsonare ‘répondre à un son par un autre’ » (Le Robert, Dictionnaire historique de la langue française)

Définition : C’est le retour à intervalles rapprochés d’un même son vocalique (= d’une voyelle) dans une phrase.

‘Jeu de voyelles’

Cette répétition peut être un simple procédé d’insistance ou peut avoir pour but de donner une certaine couleur à l’expression. Toutefois, comme pour l’allitération (=répétition de consonnes), l’interprétation peut en être subjective et délicate.

Exemple : Rimbaud a cherché tout un système de correspondances entre les sons et les couleurs, en donnant libre cours à son imagination hardie :

J’inventai la couleur des voyelles : A noir, E blanc, I rouge, O bleu, U vert, – je réglai la forme et le mouvement de chaque consonne […] Loin des oiseaux, des troupeaux de villageoises, que buvais-je, à genoux dans cette bruyère/ Entouré de tendres bois de noisetiers, […] Que pouvais-je boire dans cette jeune Oise – Ormeaux sans voix […]

(A. Rimbaud, Délire, « Alchimie du verbe)

Le retour du son oi traduit-il le vertige, les hallucinations dont souffre l’auteur ?

Verlaine exprime sa tristesse, sa nostalogie par des résonances particulièrement suggestives (la répétition des sons o, an et on) dans sa « chanson d’automne » :

Les sanglots longs des violons/ De l’automne / Blessent mon cœur / D’une langueur / Monotone (Verlaine, Poèmes saturniens)

Ils mettent en évidence que la répétition est censée avoir un effet d’expressivité, d’imitation. Elle invite alors à rechercher le sens de cette expressivité dans les textes du Code civil. Ici P et t paraissent traduire ou insister sur l’obligation. Ce texte vient peut-être des coutumes orales antérieures au Code civil et aussi d’universitaires et d’autres juristes qui ont appris la français par la rhétorique pas par la littérature. Ils alitèrent naturellement. Que traduit le le S ?

Alicia Mazouz propose justement une allitération en s qui apparaît comme peut-être révélateur des institutions :

Article L111-1 du Code de la Sécurité sociale :

« L’organisation de la Sécurité sociale est fondée sur le principe de solidarité nationale ».

Elle propose de le transformer ainsi :

La sécurité sociale

est soumise à l’idéal

de solidarité nationale.

Cela donne quasiment un petit poème mais pas tout à fait régulier 7/7/8 que l’on peut encore transformer en :

La sécurité sociale

est soumise à l’idéal

de solidité nationale

A un moment où peut-être la sécurité sociale va être remise en cause, ce poème rappelle l’importance pour la solidité de la nation de son existence.

PY Verkindt a cherché des assonances avec l’article 1240 CC “tout fait quelconque de l’homme, qui cause à autrui un dommage, oblige celui par la faute duquel il est arrivé à le réparer”

Ce qui donne :

“tout hominidé qui a endommagé un autre hominidé après avoir fauté sera obligé de réparer”

Il se peut que cette transformation ouvre l’article 1240 à des actions en justice contre et pour les grands singes. Autrement dit cette transformation étend à tous les grands singes le bénéfice de l’article 1240 CC.

PY Verkindt propose aussi une allitération avec le code de l’action sociale et des familles

L111-3-1 al 1

La demande d’admission à l’aide sociale dans les centres d’hébergement et de réinsertion sociale est réputée acceptée lorsque le représentant de l’Etat dans le département n’a pas fait connaître sa réponse dans un délai d’un mois qui suit la date de sa réception.

Cela donne :

La sollicitation d’admission à la réinsertion sociale est supposée acquise lorsque le suppôt de L’État dans le secteur n’a pas susurré sa réponse dans la latence d’un sixième de semestre qui suit la réception.

L’assonance concerne une répétition de voyelles, l’allitération les consonnes. Le son “s” ici rend l’article plus bureaucratique et presque sadique.

Emmanuel Jeuland propose à partir de :

« Art. 515-14 CC. – Les animaux sont des êtres vivants doués de sensibilité. Sous réserve des lois qui les protègent, les animaux sont soumis au régime des biens.

“Les zanimaux sont des zâtres vizant douze degrés de sensitivité. Sous réserve des oies qui font protèse, les zanimaux sont sous zun régime de zones insoumises.

Le sont z paraît traduire ici une certaine émotivité liée aux animaux, oies remplace loi pour faire le son zoies et donner un exemple d’animal.