CIRCOURIELLE N°5 DU 1ER JUILLET 2014. L’EFFROI DE CRÉER DU DROIT.

Commentaire du circourieur : M. le professeur Le Cannu a autorisé la publication de cet échange.

Message du 01/07/14 21:37De : « Emmanuel JEULAND » A : « Le Cannu Paul » 

Pour ton information, le site de l’OUDROPO,, a été créé dans le cadre de l’IRJS (il suffit de taper oudropo dans google) à partir d’un séminaire doctoral de théorie du droit. J’espère que cela ne travestit pas trop l’esprit de nos prédecesseurs ‘pataphysiciens et oulipiens. L’équipe oudropienne aimerait te proposer d’être « membre de dignité » du site et du « groupement », version oudropienne de membre d’honneur. J’espère beaucoup que l’idée te séduira. Un membre de dignité n’a pas de fonction statutaire, tu n’auras donc rien à faire. Cependant, chaque membre invente un peu ses fonctions et nous serions ravis si, par exemple et à l’occasion, tu nous proposais une notion juridique qui n’existe pas encore  ou une contrainte d’interprétation d’un texte en particulier. Ce serait avec plaisir que nous tenterions d’en faire du droit.

Emmanuel Jeuland

Message du 01/07/14 17:52 De : « Le Cannu Paul »  A : « Emmanuel JEULAND » 

Je viens de lire avec l’attention qu’il mérite le Manifeste de l’Oudropo,, Je te remercie de t’en être ouvert à moi. Et pourtant, ce n’est pas sans quelque effroi que j’observe qu’il s’agit de créer du droit. Créer, le mot est fort. Il faudrait peut-être pousser dans la direction de A chacun son droit pour que cette création prenne sa chair dans un non-sens explicatif.> > Mais voilà que ma céphalée m’enserre encore davantage.> > Je vais donc, mais avec peine, saisir l’occasion que tu m’offres de me retirer dans la dignité. Encore que l’idée même de membre me cause des tourments. « Individu » me plaît davantage, en ce qu’il a d’insécable, du moins avant le partage. La désinence -du est assez rare chez les substantifs, à l’exception d’une série fabriquée dans la rue par les hommes qui s’y trouvent : loque-du, chom’du. Un souvenir embrumé me rappelle à l’instant que du, c’est du breton. On dit d’un breton qu’il est du quand il est noir. L’emploi du mot du est donc courant dans cette région excentrée, dont les plus beaux esprits peuplent aujourd’hui la capitale. Nul ne peut oublier que le père du père Ubu (son grand-père, donc) habitait au milieu des bretons, et que c’est probablement la cause de sa remarquable fécondité (hem, dois-je préciser pour les âmes sensibles).> > « Individu de dignité » a quelque chose de bancal et d’insatisfait qui pourrait à la rigueur me convenir. Le cours de ma pensée au sujet de l’instabilité nécessaire du droit et de ses sujets m’amène à préciser que je trouverai peut-être pire, et que je revendiquerai alors l’inscription immédiate à titre provisoire de ce pire dans le site élégant et propret de l’Oudropo,, > > Ah, un vertige me prend ! Comment appeler les féaux de l’Oudropo,, ? Les oulipotes n’ont pas eu trop d’angoisse, mais oudropotes, je ne sais pas, va-ce ?Paul>

Merci, cher Paul, Quel bonheur que ta réponse ! Un festival, un exemple, une ouverture sur le multilinguisme et sur l’origine lointaine d’Alfred Jarry ! Beaucoup mieux qu’un match de foot où l’on assiste pourtant parfois aussi à de beaux dribbles et à de belles transmissions. De « du » pourrait-on faire une notion juridique ou une leçon de 24 heures infaisable – en tous les cas sans l’aide d’un café noir comme on dit parfois du côté de Brest pour le premier verre du matin ?  Les oudropotes te remercient infiniment pour ce texte, qui, si tu n’y vois pas d’inconvénient, portera au moins provisoirement le nom de circourielle n°5. J’aimerais, par la suite, proposer à l’assemblée de l’Oudropo,, – à la rentrée – qu’une partie de ce texte devienne une sorte de postambule du manifeste de l’Oudropo,, notamment pour nous inciter à méditer sur les dangers et les limites de la création juridique.

 Emmanuel

Voir traduction, manifeste, membre