L’arègle – de “a” privatif, et “règle”, règle – n’est pas une règle. C’est même tout le contraire, et c’est pourquoi elle ne saurait être suivie ; on ne suit pas l’arègle, on la devine, on la perçoit, mais sans l’avoir (avec soi). L’arègle est rétive à l’ordre : elle ne peut, ni ne veut. Elle n’est pas là, ni même ici ; elle est ailleurs, là où le “cas O” est pris en compte, là où l’ajuridicité est de mise, ce qui est peu (et beaucoup à la fois). L’arègle est toutefois le produit d’un Ordre, l’Ordre ajuridique, où le rien est un tout, puisque tout est possible. L’arègle peut donc engendrer : c’est l’arégulation, mais ses contours sont flous, car son objet est indéfini. Peut-on dès lors aréguler ? À condition que rien ne soit construit, ni même donné, la réponse est positive, mais aréguler n’est ni inné, ni acquis ; cela reste un effort. En outre, l’arégulation n’a pas de but ! Il faut lui en donner un, et c’est l’affaire de tout un chacun. Il y a en effet autant d’arégulateurs que d’arégulatrices – l’arégulation n’est pas genrée –, mais leurs affaires sont privées. De sens ? Ce serait une direction. D’effets ? Ce serait une interdiction. De conclusion ? Ce n’est pas la solution…

Jérémy Heyman

Voir voyelle, coïncidence , circourielle arègle