Contrainte du relathon :
Un relathon est un texte dans lequel les segments entre deux entités sont les acteurs. Une grammaire des segments possibles et de leur enchaînement tient en une douzaine de cas, les autres contacts sont faibles ou communs. Chaque segment dual est des deux côtés de la « causeuse » en bilocation. En effet, les deux relata finissent par se ressembler et peuvent être dans deux endroits en même temps. La contrainte est donc de présenter des duos en constituant une conjugaison truale (une conjugaison qui se fait à la truelle pour combler les espaces entre les pierres, les entités, de l’intérieur ou de l’extérieur). Le cahier des charges invite à ne pas employer un mot que Max Jacob trouvait particulièrement laid : la relation (et aussi le lien et le rapport), et qui tend à essentialiser le duo en en faisant une nouvelle entité telle une chaîne, alors qu’il s’agit d’une distance sous l’égide d’un autre espace en transformation perpétuelle.
Exemple :
Nous nous séparons, enlacés
Relathon
Présentation :
Inspirée librement de l’histoire de la dynastie Bolloré, de la vie de Max Jacob (ami d’un enfant Bolloré) et de l’affaire Seznec (jugé à Quimper, la ville d’origine des Bolloré et de Max Jacob), le récit tourne autour d’un étang qui doit disparaître pour cause de pollution chimique due à l’industrie du livre.
La contrainte a été de considérer l’espace entre deux personnes comme le véritable personnage du récit. Elle implique de nommer les intervalles entre deux personnes par un mix des anciens noms propres des acteurs appelés dorénavant par un simple mot commun. Elle engendre par ailleurs des distorsions grammaticales car l’intervalle parle au « je » alors que son interaction est conjuguée à la première personne du pluriel. De même, lorsqu’un tiers parle d’un segment, il utilise la troisième personne du singulier « il » mais l’interaction au pluriel.
Table des matières.
Segment 5.- Tailleur-de-Lumière
1.- Cœur de Tailleur-de-Lumière.
2.- Poésie de Tailleur-de-Lumière.
3.- Glose sur Tailleur-de-Lumière.
2.- Exercice plastique de Kenoliet.
Centon sur les séparations enlacées.
Parties I.- Irréversibilités.
Segment 1.- Samax
1.- Le cœur de Samax
Près d’un hippopotame au bord de l’étang, j’avons vu courir des chars à deux jumeaux entre les arbres.
Ces arbres ne sont plus que les palmes bleutées de deux aigles qui crient : « Samax ! ».
Ils grossissent pour se repousser vers le haut, fléau-massue boule à piques.
Souvenirs diffus de l’anastomose d’un châtaignier et d’un hêtre où je gravâmes, avec 75 ans d’intervalle, notre nom de grand-père-petite-fille : « Samax ».
Mémoires précises des courses de charriots dans le ciel ! Deux voyageurs !
Ce ne sont plus que de pauvres jouets tels qu’on les verrait en creux !
Les jumeaux n’ont plus de vie et nos deux voyants sont casqués de noir.
Les symboles qui nous distancient ne sont que le galop élastique autour de l’étang de Kraon.
Quelques hauts-fonds en ronde bosse cachent à notre douleur.
Un hybride de châtaignier et de hêtres où notre nom de grand-père-petit-fille fut inscrit.
Samax, lion de cent ans.
A 13 ans, je voyons un jeune de 20 ans comme s’il en avait trente.
A 75 ans, on s’étonne de ce qu’aucun de ces jeunes de 20 ans n’a la tête de ses propres amis d’enfance.
Le double grand-père-fille flotte au-dessus du temps.
Je, Samax, sommes perpétuels : ma partie ancienne couvre le 19° siècle, ma partie la plus récente le début du 20°.
Mais je sommes présent par transformation dans une série jusqu’à aujourd’hui et même demain.
Mon pôle le plus récent ressemble comme deux gouttes d’eau au plus ancien.
Ce qui fait les traits du creux entre les visages est ce qui nous réunit.
Quand je nous promenons dans les bois en face de la ville de l’autre côté de l’Esse jusqu’au bout de l’étang.
Je suis le vide entre deux pousses d’arbres mobiles.
L’ancienne et la nouvelle partie font corps avec le même tremble de 3000 ans.
Ces extrêmes ont une sorte de densité en trompe l’œil car on croit voir deux personnes alors que c’est moi au milieu des deux troncs joints.
A priori sans densité, fait d’écart et de silence, en réalité fort intense par effet d’infini.
Mon extrême ancien est venu de nulle part et a reçu mille vents.
Je sommes né d’une absence car mon extrême récent n’avait nulle part où se mettre : sa mère et ses ainés prenaient toute la place, et ma partie la plus ancienne n’avait guère de contact avec ses enfants, que commercial.
Mon pôle ancien a créé le style gallimoron en incrustant des motifs de broderies sur des costumes ou des meubles contemporains ; le plus récent a créé le mot pyramidisme et a été précurseure de l’ouvroir de plutonium torrentiel.
Je décidâmes un jour que je n’allions plus marcher pour parler.
J’optâmes pour une causeuse à roulette en forme de S : les deux fauteuils étaient accrochés mais pas dans la même direction ; ils permettaient de se parler à quelques centimètres sans être entendus, chacun ayant le dos à l’opposé de l’autre.
Dans le grand salon toujours plein de marmots et de passages, la causeuse à roulette pouvait avancer avec nos pieds au sol.
J’avions aussi installé, entre nous, une tablette solidaire.
J’avons prévu des rails sur les escaliers permettant de les descendre et une corde d’assurance permettant de ralentir la descente.
Un jeu de poulies permettait de remonter.
Dehors, dans la rue, nous avancions assis, avec nos quatre pieds jusqu’à l’étang de Kraon, ce qui veut dire noix.
Là-bas nous serrions des châtaignes d’eau, les mâcres.
J’avons également organisé des spectacles tournant avec ce meuble.
L’un pouvant parler vers le public à la suite de l’autre.
J’y avons étudié l’histoire, les langues, les étoiles et les secrets.
Quand ma partie ancienne fut sur le point de se réincarner, ma partie jeune s’y joignit pour ne faire qu’un.
Avec une allumette jaune, au fond de l’étang calme, j’allumâmes une bougie.
Quand elle s’éteignit ma partie ancienne était partie.
Je nous c’est par âmes enlacés.
2.- Poésie de Samax
Knūs amasse les cno
Know cornique va savoir
Germain Nuss nut en anglois
Kraon gallimoron, cnau gallois
Ressort d’une arbalète, corde tendue
Partie glanduleuse d’un morceau de viande
Pelote graisseuse des muscles lombaires du bœuf
Pièce en cylindre pour l’entraînement d’un cardan
Nom donné au charbon calibré dit tête de moineau
Roue dentée d’un moulin à café broyant la graine
Écrou entraîné en translation par une vis sans fin
Viande de la cuisse, des lombes ou de l’épaule
Cotine, courtepointe, dent de lait, quenotte
Cinglé, Testicule, Noix de beurre
La noix de ce moulin est usée
Noix de gigot, de côtelette
Gîte à la noix
3.- Glose sur Samax.
Leur pôle ancien était méchant mais réjouissant : il était le dernier d’une lignée de la Sarre devenue prussienne arrivé en Villocellerie en 1825.
Il fuyait les persécutions des Gardiens du Livre.
Avec son père, il traversa toute la Villocellerie, épousa une femme lorraine rencontrée à Montertre puis continua vers l’Ouest jusqu’à Quindé.
Il y créa un atelier de broderie et de meuble ainsi qu’un magasin d’antiquité.
Il eut toutes sortes d’idées qu’il transmit au sein de Samax.
Les deux pôles se ressemblaient comme deux œufs : le premier avait toujours un visage mûr et chauve alors que la seconde avait toujours un visage jeune et tout aussi chauve ayant décidé de se raser la tête.
Ainsi, leurs proches croyaient parfois que l’un ou l’autre se trouvait dans deux endroits en même temps.
Samax se promenaient chaque jour le long de l’Esse puis de l’étang de Kraon.
Il se parlaient à eux-mêmes parfois tout fort sans s’en rendre compte.
Il étaient comme ces trembles qui ont un tronc ancien et une jeune pousse, oubliée par le faucheur.
Les deux n’en forme qu’un, la jeune a l’âge du vieux car ils communiquent par le sol, par drageonnement.
Leur commerce intérieur est une transmission de territoire car Samax-le-vieux venait de Prusse.
Il parlaient intérieurement à Samax-la-jeune-pousse de ce qu’il avaient appris en voyageant.
On sait seulement ce que Rawax ayant hérité de Samax en disait entre deux cours :
« Quand j’étions Samax, je marchions entre les marronniers du bord de l’Étang de Kraon à quelques kilomètres de l’eau Salée.
Cet autre de moi nous disait qu’il n’était pas d’ici, qu’il avait traversé la Prusse et la Villocellerie, tous les livres, toutes les langues, toutes les sciences pour arriver jusqu’en pays villarcotais.
Il était marchand et poète, artisan et artiste, discret magicien.
Je nous rejoignions naturellement après l’école, je traversions les passerelles de l’Esse et je suivions la montée puis la descente de la marée jusqu’à l’étang de Kraon.
J’étions comme le Rhin arrivé à l’Atlantique par une route invisible.
Je nous placions des points dans l’espace.
L’hiver, c’était dans le ciel : « Tu vois le charriot de la grande Ourse, cela fait sept étoiles brillantes, tu ajoutes le triangle d’été et tu as dix étoiles défilantes. Tu peux simplifier le monde en dix points, sinon il est infini et tu ne peux rien en dire et tu ne peux rien en voir. A partir de ces dix points, tu peux repérer des astérismes (Ensemble d’étoiles) moins brillants comme le dragon et le Petit renard. Nous, Samax, sommes la Constellation du Dragon qui serpente sans être ultra brillante Entre des étoiles plus éclatantes ».
La petite pousse de Samax s’y perdait dans tous ces Détails, mais retenait que l’infini pouvait être approché par Groupe de dix et que ce qui était dans le ciel était aussi sur Terre.
L’extrême vieille-pousse lui disait qu’il existait une infinité de caractères humains mais qu’on pouvait aussi en retenir dix. Ce n’était pas les points qui comptaient mais les espaces entre les points.
Il tracèrent ainsi un graphe à distance d’unité.
Le graphe s’appliquait au corps humain qui avait dix points : Trois dans la tête entre les deux yeux, en haut du crâne et à la Jonction du cou
Sept dans le corps, gorge, cœur, plexus, ventre, nombril, Parties génitales, anales.
Il appelaient cela des zones d’énergie en disant que ce n’était Pas scientifique mais analogique. Qu’il ne fallait pas avoir Peur de l’analogique mais toujours le laisser
A sa place non scientifique, car on ne pouvait pas établir son Existence.
C’était le monde des symboles et des représentations Intérieures.
Une série de points exprimait la bienveillance, une autre série parallèle, la rigueur de la justice
C’était dans cette série que J’étions réunis ».
Samax étaient trual et pouvaient être en deux endroits en même temps, il pratiquaient la bilocation.
Une dynastie d’imprimeurs, voisine de Quindé, avaient créé un ouvroir de broderie pour les femmes de typographes.
Certaines travaillaient pour Samax.
Les deux familles étaient liées.
Elles ont voyagé en parallèle.
De cet ouvroir de broderie est né, plus tard, l’ouvroir de plutonium torrentiel (Oupluto).
L’idée d’employer des documents du 3° secteur (administratif, juridique, publicitaire) pour faire des contraintes était déjà à l’œuvre.
La partie la plus récente, la jeune-pousse-de-feuille, s’est trouvée à 13 ans avec une partie ancienne morte et des migraines insupportables.
La migraine n’enserre que la moitié de la tête. Elle correspond parfois à une partie ancienne disparue, à une amputation dont le fantôme est deux fois invisible.
En raison de ses douleurs, Samax furent envoyé six mois dans le service des docteurs Charroko à Montertre.
Leur idéalisation fut l’effet, chez Samax, d’un mouvement transférentiel de mode.
Il furent particulièrement intéressé par un double fauteuil roulant et trépidant à ressort appelé Martin qu’avaient inventé Charroko pour rééquilibrer les malades de Parkinson en binôme.
A son retour à Quindé, Samax retrouvèrent leur étang, malgré la disparition du pôle vieux puis se transformèrent en Rawax.
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Segment 2.- Rawax.
1.- Le cœur de Rawax
Peu après le décès de ma pointe ancienne, j’avons remplacé Samax.
Notre pointe feuille voyait bien que tout ne pouvait se transvaser.
Nos deux pôles avaient maintenant le même âge, même si l’un était les racines et l’autre les feuilles. La-jeune-pousse était devenue la-feuille-au-vent et la racine paraissait assez solidement plantée pour faire le tri.
C’est dangereux d’être une racine, il faut avoir voyager avant de s’enraciner il faut supporter les champignons capricants.
La-feuille-au-vent admirait la racine et l’aimait secrètement.
La feuille faisait levier en désirant unilatéralement la racine.
Il y avait en moi, mêlés, un amour non partagé et la beauté indivisible de la bilocation.
J’avions en effet la capacité à être à deux endroits en même temps : nos amis du lycée de la Tour d’Auvergne s’étonnaient : « mais je viens juste de te voir, comment as-tu fait ? ».
Rawax re-formait Samax : il était question de la théorie des dix espaces de l’univers et de la possibilité de prédire le présent.
Je nous asseyons parfois sur la causeuse à roulette pour parler de Samax. Je fabriquions des textes à partir de fragments proposés par l’une et l’autre collés sur la tablette.
Un seul sur cent était intéressant, il fallait y passer beaucoup de jeudis et de samedis.
La feuille aimait l’approche émotive et colorée de la racine.
Je cessâmes de tourner autour de l’étang de Kraon
Quand la racine partit étudier à Liren et la feuille à Montertre.
Je fûmes effacés de la réalité quand la feuille reçue une lettre de certains Rascole provenant de la ville de Liren, qui le prévenaient de « l’accident » survenu à la racine.
La feuille réagit aussitôt : « Dites-nous que ça n’est pas mortel, rassurez-nous, je vous en supplions, rassurez-nous de suite. Vous aussi vous semblez vous aimer, vous savez ce que c’est que cet autre vous-même ; mais pourquoi m’annoncer son suicide ? Saviez-vous que je l’adorions ?».
Quand la nouvelle fut confirmée, je chancelâmes accroché par un bout à un fantôme sans poids qui se jeta dans l’étang de Kraon.
2.- Poésie de Rawax
J’ouvrons à deux battants le tunnel de la glaise ; et chacun
Se précipitons, je crions, on se bousculons ;
Un duo tient dans leur main une bougie de cire
Pour l’offrir au muret de l’horizon ; un autre duo qu’on admire
Porte des ex-photos en deux parties, tout meurtris par les chocs :
A ces lieux de tailleurs et brodeurs de lumière
J’entourons les rochers de feuilles et de branches
Et des doubles vagues vêtues de longues robes blanches unies
Soutiennent le varech de la nuit
La crique aux deux chemins, on la confie à un couple de baigneurs.
Les tee-shirts brodés d’or qui marchent en tête
Relient les hommes de peu entre eux. Du faîte
De la crique entre les deux falaises, les duos en silence, à genoux
Regardent défiler le long cortège à trous et tous
Répètent quelques actions de surf, quand les deux arbitres les maudissent en passant. Chants champêtres
Timide et douce flore de notre pur granit
Élan du moindre cœur vers le grand infini
Soit dans la falaise et le long de la route
Combien vous remuez les peurs des compétiteurs qui vous écoute !
Comment croire lorsqu’on entend crier vos porte-voix,
Qu’ils étaient plus fervents les Gallimorons d’autrefois.
3.- Glose sur Rawax.
Rawax était le lieu d’une pollinisation.
Son embout racine avait un problème : il devait devenir l’héritier de l’imprimerie et ne le souhaitait pas.
Rawax ont cessé de tourner autour de l’étang de Kraon :
La feuille partit loin à l’est à Montertre tandis que la racine, s’en alla à mi-chemin, dans la capitale provinciale de Liren.
Il avaient fini par se ressembler et parfois dans Quindé, on croyait voir la même personne en deux endroits différents au même moment, c’était un effet Rawax.
Dans la nuit du 4 au 5 mars 1895 la racine à laquelle la feuille vouait une admiration empreinte d’exaltation, se déconnecta de l’intérieur et se jeta dans le fleuve Esse.
La feuille en porta le deuil toute sa vie.
Rawax a survécu dans la feuille qui a échoué, cette année-là, à tous ses examens.
1896 fut une année de redoublement, tant à la Faculté de droit qu’à l’École coloniale : la feuille n’était plus accrochée à rien, jusqu’à ce qu’elle se reconstituent dans Picax.
Il ne tourneraient plus autour de l’étang de Kraon.
Rawax se séparèrent à jamais au lycée.
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Segment 3.- Rascole
1.- Cœur de Rascole.
Au cours de mes rendez-vous dans les jardins du Thabor autour du bassin, la racine expliquait à son parti de vieille famille la fin du Rom-balisme, le dépassement du symb-holisme et le retour du baroque irrelationnel avec la poétimatique d’échange que je pratiquions.
Ma partie d’ancienne famille se sentait dépassée et mal à l’aise, nous trouvant trop emportés, un peu tout fou et pas aussi amoureux qu’elle ne l’aurait voulu.
La racine était tiraillée entre son passé de Rawax et son avenir d’héritier d’une entreprise d’imprimeries.
Je paraissions à ma partie vieille famille une construction fragile, déséquilibré.
La racine était sans doute géniale mais pas assez terre à terre, pas assez humain, pas assez Rascole, alors même que mes écrits en dépendaient pour ne pas se disperser. Elle ne comprenait que trop bien maintenant l’idée de fusion incompossible dont il parlait sans cesse.
Elle fit attendre chacun de leur rendez-vous et les espaça pour essayer d’assouplir leur distance.
Elle généra de la jalousie. Je grandissions encore et mes textes se faisaient plus sauvages, plus maritimes encore. J’inventions des mots comme si je voyions l’avenir ou justement ne le voyions pas, comme si je n’avions plus de langue commune.
Le lit minimal d’accomprennement élance de déversoir d’êtres incendifiés. Les déboires du terrain nappent les fossés : colmatage du pressoir des vidanges ; renversement des distances buvables des arraisonnées ; volange du batardeau au miroir ; territoires aquatiques salmonidés en superature ; frayères de prélèvement des écostiques altérés ; les indésignés des températurels ; le dire-part-dire des eaux du plan d’eau. Il faut aquatiquer les sources des manœuvres et princidentifier les travaux du turbot. Les poissons évitent l’alimension de ruisselles. Les mineurs équilibrent la violence par pompagnement : système Debord du situé dérivé ; plan d’envahissage répondant au survers ; plein bord de l’opération du suscepteur créatique.
J’étouffions, un peu décalés dans la ville de Liren, déjà une capitale, où l’on n’était pas si grand et si sauvage que Rawax.
Ma partie vieille famille cessa d’un coup d’idéaliser la racine. Elle parla en nous comme à un enfant.
Je cessâmes de tourner autour du bassin.
Ma pointe de vielle famille voulait découvrir le monde et voyager. La racine voulait mener au bout Rascole, ne comprenant pas le désintérêt de son autre pique.
Je fûmes désintégré quand ma partie vielle famille, à son tour, partit pour Montertre poursuivre ses études.
Elle lui demanda de la serrer fort ;; il ne sut que l’écraser jusqu’à ce que je me disjoignâmes.
La racine désaffiliée de Rawax puis de Rascole se jeta dans le fleuve Esse.
Elle n’avait pas compris qu’elle était encore liée à une autre racine de son enfance, son frère, qui se retrouva seul et se jeta à son tour dans la rivière deux ans après.
Il ne resta qu’un demi-frère, né d’un deuxième lit.
Je devinmes Prinséou conservant le fantôme de la racine auquel je devions tout.
Je nous déses-séparâmes, enlierrés.
2.- Poésie de Rascole.
Vides karstiques entre deux mammifères
Marins bisques sismiques du dragage à la traîne
Cavités karmiques fortes des eaux souterraines
Géodésirs des puffins de Flaubert
Karsification des calcaires sans faille géologique
Un pieu en acier rempli de calculoïde
Un treillis métallique en forme de pyramide
Boues visqueuses lubrifiantes d’une toiture géodésique
Les joues et déblais d’un marnage en satin
Un tuyau se dépose au fond des fonds marins
La turbidité des eaux des peuplements benthiques
Une couche de sédiments aux effets acoustiques
Forgé de raccordement
Commodité du voisinage (bruits, vibrations, odeurs, émissions lumineuses ?)
Scellement du lessivage pendant le coulage
Blush soyeux le long du tracé des câbles
Graviers et galets de l’encorbellement des galbes
Rose des pâles encordements sous les matières rugueuses
Risques de contamination par des substances bulbeuses
Déplacements de blocs bileux sur la surface planète
Injection entre les pieux des parois de la jacket
Licornes électriques sur un lit de civelles
Huiles graisseuses d’hydrocarbures
Silice et carbone de chaux dans la corbeille
L’attentat au couteau viral à toute allure
Elle remonte le fleuve avec toutes ses lingues
Ambiance sonore marine de sa ponctuation ,;
Impact auto-tistique des magistères meringues
Audiogrammes retenus de leur transpiration
Les hauts vols des tripodes monopieux
La collision des machines en mer d’Yeu
L’anglais muffin du moineau en transit
Le piano barge à queue noire en sourd site
Le plongeon imbrin dans l’huitre caprice
Les tortues céphalopodes chanteuses
Le cargo luth des migratrices
Séparation transport des productions angeleuses
Les amphihalins chiroptères s’encrochent
Démantèlement de la pipistrelle de nautil-bourse
Vols chromatiques des anguilles en accroche
Ils sont catadromés de sel au couteau par un ours !;
3.- Glose sur Rascole.
Une fois déracinée à Liren, où passe le fleuve Esse, la racine a Cru transformer Rawax avec un bon parti de vieille famille : Rascole s’est formés à la faculté de droit place Hoche.
Les deux extrémités dansèrent comme si elle n’étaient qu’une.
Elle étaient bordées par des boucles de vagues d’Iroise, plus hautes que le triangle pointe en bas, couvertes par un espace châtain aux volets de fenêtres reluisantes, les corbelets entourant un linteau blanc.
Elle étaient cheval et cavalière admirative de son pur-Sang.
Elles écrivirent des textes objectifs.
Samax avait rapporté à Rawax de son séjour de santé mentale chez Charroko.
Une connaissance de l’inconscient inconnue à Liren.
Rascole entendait dépasser le symbolisme par l’irrelationnel. Elle notaient tous leurs rêves et mélangeaient les mots, puis Travaillaient cette pâte jusqu’à l’émotion.
Leur bout de vieille famille descendait de Sévigné-Grignan la lignée de son bout d’imprimeur était persuadé d’avoir pour mission de retracer l’histoire de la langue et la littérature villarcotaise.
Mais Rascole n’a pas duré.
Elle se vidaient de sa substance radicale, doutait de ses dons, entrait dans un cycle jaloux et ennuyeux.
Le
Plongeon de la racine est peut-être la conséquence d’une ambition démesurée et d’une désaffiliation non seulement de Rascole, mais aussi de Rawax.
Tout se passe comme si ce dernier avait empêché par avance Le premier de se développer.
Rascole se séparèrent enlacés dans l’Esse.
Segment 4.- Prinséou.
1.- Cœur : Plomb, Prinséou
Redevable à la racine de nous avoir laissé l’imprimerie, je Devînmes Prinséou.
J’unissons secrètement l’héritier de la dynastie d’imprimeurs, à celui qui aurait dû hériter, sa racine, s’il n’avaient pas été Rawax et ne s’étaient jetés dans le fleuve (entrainant d’ailleurs son jeune frère à connaître le même sort un peu plus tard).
Mon extrême dynastique est né, quelques années après la racine, d’un second mariage de ses parents.
L’ancêtre avait épousé la fille d’un imprimeur venu de Malestroit. Le premier de la dynastie n’était donc pas le fondateur mais un simple segment.
Ce n’est pas ce que raconte la légende familiale de l’entreprise, bien sûr.
Le premier de la dynastie avait épousé la fille du fiancé qui avait monté une affaire florissante d’imprimerie. Mais
Il eut une attaque cérébrale, resta paralysé et dû être remplacé par son gendre.
Le demi-frère de la racine n’aurait pas dû être l’héritier et est resté attaché à celui-ci par une dette inextinguible au point de devenir ce que je sommes : Prinséou.
L’imprimerie fut florissante car j’avions une dette infinie envers la racine qui m’avait permis d’hériter.
J’avons fait venir de Chine (grâce à deux cousins mariniers) un Papier d’une grande finesse pour pouvoir éditer toute la littérature Villarcotaise.
Rawax n’avait pu s’exprimer car il étaient trop exalté.
Jusque-là l’imprimerie s’occupait surtout de presse, de publicité commerciale et de faire-part ;
Elle se mit à imprimer les œuvres complètes des grands Écrivains comme aurait dû l’être la racine. Toute la Pléiade Depuis Ronsard-du-Bellay jusqu’aux auteurs contemporains Comme
Zojarry ou Perlionnec ont été imprimés ici à Quindé sur mes machines.
Peu m’importait d’écraser la concurrence, je rachetions des imprimeries que nous avions mis sur la paille. Pour être plus compétitifs, je mîmes en place une chaîne industrielle intégrée :
- Une scierie à Morlaiox,
- Une papèterie à Bénodiern,
- L’imprimerie centrale à Quindé.
Peu nous importait les écrivains antérieurs à la stabilisation de La langue : les grands rhétoriqueurs qui mélayaient les langues régionales et le latin ne nous intéressaient guère.
Je tentâmes ainsi d’avoir une vision pour les générations suivantes.
Chaque matin je conversion en silence autour de l’étang de Kraon.
Je ne transmettions pas seulement une affaire, mais un projet, une langue, une littérature, une manière de voir le monde.
Rawax écrivirent dès la fin du 19° siècle qu’il fallait conserver une culture classique et ne pas s’américaniser.
J’avions conservé la bibliothèque poétimatique de Rawax et prenions soin de travailler avec des éditeurs de textes courts même s’ils n’étaient pas les plus rémunérateurs.
J’espérions qu’ainsi Rawax ne resterait pas un doublon néfaste dans notre dynastie.
Depuis tant de siècles, moi qui vivons le plus souvent dans nos âmes passées, je me souvenons mieux des figures de nos ennemies dans les arbres de l’hippopotame de l’étang de Kraon que de celle du roi pêcheur.
2.- Poésie de Prinséou.
Scion
Bouchon
Faux sésame
Orpin pubescent
Barbon de Virginie
Molécule à grandes oreilles
Anémone fausse-hominicule
Hydrocotyle à feuilles d’Hercule
Dominicule campanile de thyrse
Angélique vraie faux nénuphar
Anémone à fleurs de saucisse
Saule rampant qui se répand
Flûtiaux fausset-minuscule
Ciguë vireuse impatiente
Calamagrostide négligée
Chastel Racine de corail
Céphalansthère rouge
Colle au glossum viril
3.- Glose de Prinséou.
L’arrière-grand-mère de la partie brodeuse de Bimoqteur – l’auteur double de ce livre-causeuse – avait été embauchée par Prinséou pour créer un ouvroir de broderie.
Son arrière-petite-fille essaie maintenant de convaincre l’embout de nulle part, chargée de mettre bout à bout ces segments, de la complexité de Prinséou :
- Selon ma grand-mère qui me parlait de ce qu’avait vu sa propre mère, Prinséou – les patrons de l’imprimerie – pouvaient être vus dans deux endroits en même temps. Il ne visaient pas les bénéfices mais la défense de la langue villarcotaise.
La partie nulle part de Bimoqteur réagit à ces propos :
- Tu allez me faire croire que Prinséou ne cherchaient pas l’argent avant tout mais quelque chose de plus palpable et ambitieux : la défense et le sauvetage de la langue Villarcotaise ? Qu’il vivait au fond de lui avec la racine, le demi-frère suicidé au point de former le segment Prinséou ? Que par-dessus le marché, les deux parties de Prinséou, dont une morte, vivaient en bilocation ? Tout cela parce qu’il y a un trou dans leur généalogie officielle, parce qu’un héritier potentiel s’est suicidé, puis un second, et que ces suicides sont introuvables dans les présentations destinées au public par l’entreprise devenue multinationale ?
- Je ne te le faisons pas croire, je ne le savons pas, j’essayons de décrire ce que je lis, ce que je comprends. La racine née en 1875, génie adolescent de la poétimatique, sorte de Verbaud de Quindé, a formé Rawax avec une feuille. En 1895, Rawax s’est disloqué quand un point de son segment s’est suicidé à la suite d’un désespoir amoureux à Liren à l’âge de 20 ans en se jetant dans l’Esse. Lorsque la feuille a rencontré un autre génie, cette fois de la peinture, Rawax s’est transformé en Picax. La feuille ne pouvait pas ne pas admirer, être exaltée par le génie de l’autre et se mettre minable pour aimer aussi fortement qu’elle pourrait le tuer.
- Ce que tu dis est que le fantôme de Rawax n’est pas mort et que l’actuel représentant de la dynastie d’imprimeurs, le petit-fils de Prinséou, Prinsonne, en est marqué à vie, c’est bien ça ?
- Oui, la preuve en est que Prinsonne voue, lui aussi, un culte à la bilocation d’Yvonne de Malestroit-la-Butte.
- Et alors ?
- Prinséou est à l’origine de ce culte familial pour la bilocation, il avaient d’ailleurs un ancêtre provenant de Malestroit.
- Tu veux dire qu’ils n’étaient pas propriétaires ?
- C’est d’une autre bilocation dont je te parle. A la fin de sa vie vers 1950, Prinséou a financé une chapelle dédiée à la bilocation d’Yvonne de Malestroit-la-Butte dans l’église de Locmaria.
- C’est quoi cette bilocation ? s’enquit la moitié nulle de Bimoqteur.
- Selon mon arrière-grand-mère, Prinséou étaient particulièrement admiratif d’Yvonne de Malestroit-la-Butte auxquels on attribue le don de bilocation. Il s’agit d’un phénomène supposé, consistant pour un segment d’être présent simultanément en deux lieux distincts et par hallucination à faire croire que le corps de ses relata se trouve lui aussi en deux endroits. L’Église recommande la méfiance envers les cas dits paranormaux de bilocation. Ainsi, l’évêque italien Alphonse de Liguori a pu être présent en même temps à Naples et à Rome au moment où le pape avec lequel il formait un segment mystique y mourait : il s’exclamèrent : « Vous pensiez que je dormions, mais non, j’étions ensemble pendant que ma partie pape décannait. » On sut peu après que la partie pape était morte le 22 septembre 1774, à l’heure exacte où l’évêque est sorti de son sommeil. Il est aussi dit que Malestroit-la-Butte ont eu ensemble plus de cent expériences de bilocation dont quinze auraient été contrôlées objectivement. La plus importante aurait eu lieu le 17 février 1943 dans le métro Montertrien, alors que la partie mère se trouvait dans une cellule de la prison du Cherche-midi. Ils se voit dans un wagon et leur pôle la butte s’étonne « – Je sommes libérés ?
- .. Je ne sommes pas libérés… je sommes en prison… je subissons la torture, debout devant un mur… j’avons la tête dans une sorte d’étau pour nous faire croire que je sommes seule au monde… je sommes présents en ce moment même, simultanément dans la prison et dans le métro…
- Je sommes en deux endroits ? dit la moitié butte à voix basse. La moitié mère inclina la tête, puis ensemble il se levèrent lentement, silencieusement, avec des entre-visages de douleur. Le miroir de leurs yeux étaient agrandis et fixes, leurs paupières d’étain ne battaient plus. Puis il baissèrent l’espace entre leurs têtes. C’était bien eux, il se voyaient, s’entendaient respirer, il se touchaient. Pendant ce temps le métro roulait avec fracas. À la station Denfert-Rochereau, il stoppa. La partie mère, sans demander à la butte où elle allait, sans lui dire un mot d’aurevoir, sans même la regarder se distendre, descendit, se détourna toutefois sur le quai pour lui jeter un regard de détresse et prit la file des voyageurs, il devinrent subitement invisible, trois ou quatre mètres avant de prendre le couloir de sortie”.
La pointe de nulle part de Bimoqteur s’inquiète de cette information :
- Je n’aimons pas trop l’irrelationnel, mais je dois dire que ce Prinséou sont plutôt sympathique, il ont une vision et paraissent protéger leurs descendants en transformant positivement les suicides de deux d’eux.
- A vrai dire, Prinséou avaient une face d’ombre, il sont impliqués dans l’affaire Tailleur-de-Lumière.
Segment 5.- Tailleur-de-Lumière
1.- Cœur de Tailleur-de-Lumière.
Je n’avouerons pas si ma part de lumière (Seznec en gallimoron) a tué mon ombre car je ne sommes pas une balance. Le corps de mon ombre n’a jamais été retrouvé.
Je sommes en bilocation : parfois par hallucination mes extrêmes peuvent se voir en même temps dans deux endroits différents.
Ainsi, j’avons pu être aperçu en Amérique dans les années 1950 quand j’étions à la fois au bagne de la Guyane et aux Etats-Unis : forme distendue qui cherchait sans fin son terme disparu.
Mais j’étions déjà liés infiniment sans possibilité de me disjoindre.
C’est Prinséou qui nous a réuni pour quelques jours et finalement pour toujours.
Prinséou étaient les héritiers fantômisé d’une dynastie d’imprimeurs.
Ma partie légumineuse dirigeait la scierie ; mon ombre, la papèterie.
Après la 1re guerre mondiale, je travaillions avec des éditeurs Montertrois et ne pouvions pas répondre à tout leur besoin, manquant de moyens de transport.
Prinséou avaient entendu dire que les Américains voulaient vendre des camions blindés de la marque Cadillac qui avaient été utilisés pendant la guerre.
Prinséou nous demandèrent de mener les négociations.
Ma pointe légumineuse départit en Cadillac le 24 mai 1923 de Morlaiox. Je nous retrouvâmes avec mon ombre à Liren. Je nous rendions à Montertre pour organiser une transaction, avec les Russes, de camions blindés de la marque Cadillac.
Je discutâmes en chemin d’autres affaires qui nous venaient à l’esprit.
Tout était encore à redéconstruire.
Je n’avions pas conscience un instant que nos développements chimico-industriels allaient détruire l’étang de Kraon.
Le 25 mai 1923, après de multiples pannes de la voiture Cadillac que je conduisions, je nous séparâmes à Dreux ; mon ombre prit le train.
A Houdanda, ville d’Anne de Gallarmor (l’ancienne propriétaire), je restâmes en bilocation, tant chacune de mes extrémités se ressemblait.
On me vit en deux endroits différents au même moment.
Je me rendîmes au Havricote d’où j’envoyâmes un télégramme le 13 juin 1923 disant que j’allions bien.
J’écrivîmes sur une machine à écrire retrouvée plus tard dans la scierie.
Je ramenâmes la Cadillac décapotable de 36 chevaux à Morlaiox le 27 mai 1923. Je clamâmes mon innocence, malgré qu’il nous fut impossible d’indiquer où se trouvait ma part d’ombre.
Je perdîmes mon procès en 1924 aux assises de Quindé à moins de 300 mètres de l’ancienne chambre où discutaient Rawax sans fin.
Selon les juges, ma partie légumineuse avait tué mon ombre et l’avait fait disparaître de telle sorte que je sommes devenus Tailleur-de-Lumière (Tailleur se dit Quemener en gallimoron et ce fut le métier de la partie ancienne de Samax) :
La relation fantôme vouée à hanter les esprits des descendants pendant sept générations.
Je fûmes envoyer sur l’île Royale, une des trois îles formant l’archipel du Salut.
Les gardiens tapaient avec des bâtons sur nos cages, j’écrivions sur les murs avec un tesson de bouteille.
A notre retour du bagne, je vécûmes près de la place de la Nation à Montertre.
Je revîmes mon ombre en songe enterrée près de la scierie mais je n’y étions pas.
Ma partie légumineuse mourut des suites d’un accident de camionnettes.
Nous, Tailleur-de-Lumière, je continuons de hanter les esprits jusqu’à avoir formé avec la petite-fille de la lumière une graveuse persuadée de son inexistence.
Je nous sommes enlacérés inséparés.
2.- Poésie de Tailleur-de-Lumière.
Au second son qui retentit, se soulevant de nos os d’entre-flancs
Regardant nos yeux flamboyants et farouches
Voici que le rien entre nos deux bouches chante la juteuse effloraison
A l’heure où le rayon de lumière sur le bagne déraille
Revenons au tribunal. Revenons aux assises.
Je verrons les bras-noués aussi nues que salades.
A la sortie, personne pour nous bonsoirer, sauf la graveuse
« Est-il vrai que j’avions des criminels comme ancêtres ? »
- Ah l’infini !
Le bagne jusqu’à pas d’âge
Plutôt que de notre petite-fille recevoir ce message !
Forçats et petite-fille pleurions le soir
En forgeant un vitrail dans le couloir
3.- Glose sur Tailleur-de-Lumière.
On a beaucoup parlé dans la presse de Tailleur-de-Lumière sans jamais les nommer qu’à travers ses termes, sa part de lumière et sa part d’ombre.
On en a fait des personnages de roman séparés par la mort Dans une affaire sans fin, multipliant les révélations et les révisions.
On n’a pas forcément vu, qu’au-delà de la mort, Tailleur-de-Lumière étaient devenu un fantôme incapables de dégager la part de lumière du corps introuvable de sa part d’ombre, surtout si le premier a fait disparaître le second.
Au cours du trajet de Tailleur-de-Lumière de Morlaiox à Houdanda via Liren et Dreux entre mai 1923, le corps De la partie ombre a disparu puis réapparu supposément par L’envoi d’un télégramme parti du Havricote.
Tailleur-de-Lumière sont condamnés par la Cour d’assises de Quindé en 1924, sont envoyés au Bagne de Saint-Laurent du Moroni puis sur l’île Royale. Il sont libéré, ont vécu à Montertre.
Tailleur-de-Lumière a pour origine une rencontre début 1923 Entre Prinséou et la part d’ombre de Tailleur-de-Lumière, deux Conseillers généraux et industriels de Pengallarbed.
Prinséou voulaient opérer un rapprochement politico-économique avec l’ombre, propriétaire d’une papeterie.
Il s’étaient convaincus que l’imprimerie ne suffisait pas pour Défendre et illustrer la langue villarcotaise et qu’il fallait avoir Une « chaîne de valeur intégrée », ce qui supposait une « logistique ».
Il avaient repéré que l’armée américaine ne souhaitait pas Rapatrier aux Etats-Unis des camions-chenilles blindés de la Marque Cadillac utilisés pendant
La première guerre mondiale.
L’idée était de les racheter à bon marché et de transiter entre la Scierie du pôle lumière, la papeterie du pôle d’ombre, L’imprimerie de Prinséou et l’édition montertrienne.
Il devaient aussi utiliser de manière diluée le gaz moutarde employé dans les tranchées pour lubrifier les machines servant à la production du papier puis des livres.
L’ombre en discuta avec la lumière et ils créèrent ainsi Tailleur-De-Lumière, une association informelle, chargée d’organiser la transformation intégrée de la Littérature villarcotaise en langue anglaise.
Après leur accident de retour du bagne, Tailleur-de-Lumière ont semblé savoir où se trouvait le corps de leur part d’ombre.
Il ont d’ailleurs été vus le jour même à Quindé en bilocation, mais les recherches de la police près de l’étang de Kraon où aurait dû se trouver le corps d’ombre sont restées infructueuses.
Segment 6.- Picax.
1.- Cœur de Picax
Je me nommons Picax et sommes le résultat d’une étanmorphose de Rawax.
Son extrême racine s’est jetée dans l’Esse mais cette disparition n’a pas entièrement tué Rawax.
Elle est à mon origine.
La concurrence littéraire a failli tuer Rawax de l’intérieur ; ma concurrence picturale interne a failli me liquider.
Je peignions ensemble des petites formes géométriques qui formaient en creux une sorte de pyramides de personnages et de bovins.
Mais j’étions déséquilibré.
Mon embout feuille a failli renoncer à la peinture et à ses ambitions, écrasé par ma pointe pinceau.
Le mythe selon lequel je dormions dans le même lit, l’un à la suite de l’autre, l’un le jour et l’autre la nuit, n’est pas complètement erroné.
Je dormions ensemble en début ou en fin de nuit.
Ma pointe pinceau venait d’un pays de taureaux et mon extrême feuille d’un pays de vaches ; l’une révérait l’autre qui aimait être adoré ; j’étions une diagonale montante parfois descendante.
Le pôle feuille de Rawax, encore existant, a accueilli le pinceau à Montertre alors que celui-ci avait perdu son compagnon également suicidé.
J’avions la même histoire.
Je nous entraidions.
Surtout ma feuille aidait mon pinceau à percer pendant que ce dernier n’hésitait pas à envoyer des Banderilles à la feuille encore Rawax.
Petit à petit, je sommes devenus Picax.
On croyait nous voir dans deux endroits de Montertre en même temps, tant je nous ressemblions.
Je m’étirions, je m’écartelions quand ma partie pinceau trahissait la feuille, redevenue, pour un temps de dépression, Rawax.
J’avions été uni physiquement une fois, mais je préférions nettement la bilocation.
La feuille, vache en moi, organisa une exposition pour le taureau pinceau qui mit des cornes sur ses coups.
J’avions appelé Bateau Ouvroir, notre atelier près de la rue Picagnan en hommage à l’ouvroir de broderie que l’ancêtre de la racine avait fondé à Quindé.
Je partions de la place de la Nation pour une promenade jusqu’au bois de Boulogne avec une contrainte d’écriture et de peinture : ainsi, un jour, il fallait suivre les taches rouges, un autre les éclats de jaune.
Un couple polonisé nous tira dessous sur le Pont Mirabeau jusqu’à ce qu’eux-mêmes disparurent de la grippe espagnole.
Je n’existions plus que par intermittence quand je nous retrouvions pour un soir, une nuit ou des vacances à Céret dans les Pyrénées.
Je n’étions qu’un couple de passage car mon pinceau n’était pas fidèle. J’étions pourtant fort fort, influençant le monde jusqu’à l’Oupluto et Los Alamos.
Mon pinceau ne laissa pas la poétimatique à ma feuille, il vint rejoindre Picax une nuit près de l’Esse pour le forcer à devenir ensemble poétimates.
Je n’étions plus pas impossible car le pinceau voulait tout vivre et être tout, tout en restant Picax.
La feuille lui demanda si quelqu’un lui avait déjà dit qu’il était poètimate.
Le pinceau lui montra une de ses œuvres.
C’était un sonnet malaisant et embarrassant.
Il ne parlait que de lui et de sa gloire.
La feuille qui s’était réalisée par des heures de méditation dans une vieille cathédrale y lut la détresse d’un génie encombré de lui-même.
La feuille résista au désespoir glorieux de ce mauvais ange et, au matin, lâcha Picax.
Je nous séparâmes enneigés.
2.- Poésie de Picax.
Opportunément mon petit-fils à l’heure où tout explose
Pour contempler une invasion de souris
L’incendie est comme une rose Dalhia
Ouverte sur la queue d’étang de Kraon
Je vous devons tout, nos douleurs et nos joies…
J’avons tant pleuré pour m’entre-pardonner !…
Je te regrettons tant, notre rue Picagnan !
De tes moteurs qu’on appelle antimatière
Sur des tréteaux m’ont enseigné la course
Mais la rue Picagnan est celle que j’adorons
Pour les fissures entrelacées de nos porte-barons.
3.- Glose sur Picax.
Picax furent tumultueux de la fin du 19° Siècle jusqu’en 1944.
Il se retrouvèrent en 1937 lors d’une visite du pinceau à la feuille qui s’était retirée à Saint-Beno. Picax sont faits d’admiration et de souffrance, soudant deux parties tourmentées, depuis les années de bohème montertroises jusqu’à la disparition de Picax avec la mort tragique de la feuille à Drancy en 1944.
Picax furent pris dans la tourmente des dominos, d’abord avec le polonais tombeur qui se posa en Tiers.
Picax se reconstitua Pour quelques heures même si le pinceau était devenu entre-temps Picadora et que la feuille s’était transinvertie encore une fois en Rawax.
Ce dernier vivaient dans une minuscule annexe d’un hôtel dans un jardin, dans un village en bord de l’Esse naissante pour échapper à la Haine anti gardien du livre, aux trahisons et à l’indifférence des vieux amis.
Picadora débarquèrent dans cette annexe en février 1937. Dès les premières minutes, Picadora se livrèrent à Rawax sur leurs déchirements intimes. Le pinceau sans attache confessa sa solitude : « Notre vie aujourd’hui est un tel chantier… Je peignons en double miroir Picadora bien sûr, aDorable PicaDora Inatteignable… Mais moi, le pinceau, moi je suis à la peine, comme jamais auparavant, je suis sans fil. »
Le pinceau souffre de l’exil, alors que son pays d’origine, disparaît dans la guerre civile.
Picadora voudraient devenir poètimate surréaliste et il partagent leurs textes au sein d’un Picax reconstitué.
Le pinceau hésite entre Picadora, lieu vertical d’un modèle possédé, et Picax, lieu de rencontre fortuite, évanescente, violente, vivante.
La part modèle de Picadora se tait et prend des photos de la rue.
Picax se souvient de leur jeunesse montertroise où il vivaient d’art, de joie, de vin et de drogue pour oublier la misère, de leur seul baiser, un matin où le pinceau éméché vint réveiller la feuille pour le remplacer dans le lit commun.
Le pinceau devenu célèbre et riche ne cessait de délaisser et d’humilier la feuille.
Picax apparaît comme un fil à jamais rompu ayant laissé la place à Picadora, double génie balistique aux prises avec la réversibilité de Rawax en deuil perpétuel.
Au fil de cette soirée à Saint-Beno, les tiraillements intérieurs de Picax se font de plus en plus criants, comme si leurs destins individuels s’étaient irrémédiablement éloignés.
Tout semble désormais opposer la feuille portée vers l’infini et le pinceau sacré comme deux faces irréconciliables d’une même quête balistique et irrelationnel.
Rawax a trouvé dans sa retraite un effacement dans le silence et la discipline.
Il peignent des « paysages gallimorons, des marines, des Scènes de cirque, de théâtre et de parquet flottant ».
À l’opposé, Picadora restent des créateurs de mode, insatiables et tourmentés.
Écartelés entre leur frénésie créatique et leurs déchirements Intimes, il sont lassé de la vie et de ses difficultés, lassé de leur propre tyrannie au sein de Picadora :
« Je ne sommes pas une hydre ordinaire.
Pourquoi devrions-je nous enfermer dans Picadora ?
Je voulons redevenir poètimate et Picax».
Picadora demande abruptement à Rawax de revenir avec lui à Montertre, de reconstituer Picax et de l’aider à écrire comme lui l’a aidé à peindre.
Rawax hésite un instant se souvenant qu’au contraire le pinceau à tout fait pour l’empêcher de peindre en méprisant ses œuvres.
Picadora enlacent Rawax dans un quatuor indivisiblement silencieux.
La part modèle de Picadora, objet de la tyrannie du pinceau, repense à ses œuvres en cours qu’elle cache sous une tortue géante.
Picax demeure, par-delà les divergences non curées et les malentendus.
Picax s’écrivirent dans les jours qui suivirent :
« Notre Cher Picax, il nous aura fallu faire preuve de beaucoup de résistance pour ne pas nous suivre à Montertre. J’avons si souvent porté notre deuil, j’aurions eu l’impression de suivre un fantôme, ou bien Eurydice, ce qui pour nous serait revenu au même ».
Pendant quelques jours encore, les proches de Picax ont cru les voir dans plusieurs endroits en même temps à Montertre et à Saint-Béno. Mais Picax ne pouvaient plus pouvoir se reconstituer à moins que ce ne soit dans son éloignement.
Rawax dura jusqu’en 1944, et l’incarcération au camp de Drancy. Le pinceau eut l’occasion d’intervenir pour sauver la feuille mais ce fut une autre personne qui le fit mais trop tard. Le corps de la feuille d’abord enterré dans une fosse Commune a été déplacée dans le cimetière de Saint-Beno où il repose.
Sur de petits galets provenant de l’étang de Kraon posés sur la tombe, de fines varves sombres de plutonium écrivent : Samax, Rawax et Picax.
Rawax a d’ailleurs écrit dans leur ouvrage intitulé « Havricote » :
« Ces petites pierres se disent Aven en gaIlimoron, Av voulant dire père et Ven le fils, d’où le nom de Pont-Aven. Elles sont la métonymie de la structure juridico-symbolique de tout commerce humanoïde qui reste à la fois différ-amante et un cran possible ».
Il restait quelque chose de Picax, en Poi.n.t.ill…é, dans les années 1930 : La partie échec de Jalonnais avait reçu leur héritage en allant Rendre visite à la feuille, rue Nolet, avant d’être eux-mêmes Incarcérés dans le camp de Dora.
Partie II.- Réversibilités
Segment 7. Kenoliet.
1.- Cœur de Kenoliet.
Ma partie d’échecs rendait souvent visite à la feuille rue Nolet à Montertre et finit par y former Jalonnais.
Un ouvroir de broderie avait été créé par Prinséou à Quindé en marge de leur imprimerie.
Ils travaillaient pour Samax, tailleur, qui imaginaient des Costumes gallimorons rehaussés de broderie.
Samax a transmis l’idée d’ouvroir à Rawax puis à Picax et enfin Jalonnais lorsque ma partie.
L’idée y avait surgi d’utiliser le troisième secteur, c’est-à-dire les documents administratifs et juridiques contrairement au premier secteur de la grande littérature et au second de la littérature de gare.
J’avons été productif en tant que Jalonnais.
Mon extrême feuille avait empêché ma partie d’échec de venir avec sa muse russe qui lui faisait de l’ombre.
Je nous retrouvions après la journée de travail de ma partie d’échec.
J’avions imaginé une sorte de laboratoire des lettres et créé imaginairement le futur plutonium. Parfois tout en sueur je me levions hurlant, je sautions hors du bide, l’estomac craquelant, une gerbe de feu court du canon dans la tête.
Après la seconde guerre mondiale et la disparition de la feuille, Je me sommes mué en Kenoliet.
Ma partie d’échec avait en effet rencontré un laborantin de Premier ordre et je pouvions passer à la phase expérimentale.
Je créâmes l’Ouvroir de Plutonium Torrentiel, bientôt surnommé Oupluto, sur les bords de l’étang de Kraon.
Je mêlions les signes pour en faire de nouvelles matières.
Je fîmes différentes formes d’exercice plastique, des œuvres de plutonium à 239 voire 240 combinaisons.
Ce fut un moment d’intense créati-relativité.
Ma partie d’échec organisait mais l’expérimentateur animait.
On nous prenait l’un pour l’autre, je vivions en bilocation.
2.- Exercice plastique de Kenoliet.
En partie truale
Entre 6 h et 18 h, je me trouvions entre le corps de l’autobus et la route, entre le ciel et le bitume, bondé de couples divers. Sur la ligne S qui va de la Contrescarpe à Champerret. J’aperçûmes une matière co-litigieuse entre une partie jeune et une partie vieille retenues par une cordelette invisible et un double couvre-chef unique tanguant violemment sous les Poussées entre les sorties et les descentes. Après une nouvelle bousculade il dirent d’une même voix qu’il ne pouvaient s’asseoir ensemble sur une place simple sans s’écraser. Entre 1 h et 4 heures plus tard, nous les revîmes entre la cour de Rome et la gare Saint-Lazare. Les deux môles en dur dessinaient dans leur intersection creuse, un bouton imaginaire et invisible entre leurs deux pardessus verts de gris.
3.- Glose sur Kenoliet.
Jalonnais avait survécu au camp de Dora en « ouvrant un musée ». Il racontaient aux autres prisonniers, au bord de la désaffiliation, les tableaux du Louvre, réinventant seulement quelques détails.
Après-guerre, Jalonnais s’est transformé en Kenoliet quand la partie d’échec à rencontrer l’auteur à succès des « exercices plastiques ».
Leur rencontre fut comme l’explosion de la bombe H dans les îles Bikini en 1952 : le champignon monta dans la stratosphère et les Microscopiques particules de plutonium – Une littérature totalement inventée par les entités humaines à base de structures – Retomba en torrent pour constituer une nouvelle varve au sein Des minéraux de la terre. Kenoliet créèrent ainsi l’Oupluto, l’ouvroir de plutonium Torrentiel.
Tous les vendredis Kenoliet se rendaient entre la porte d’une crêperie de Montparnasse appelée la causeuse et sa cuisine où le client trual s’installaient dans des fauteuils-siamois.
Il choisissaient un double gajanboeuf dans deux grandes assiettes partageant une même intersection. Il s’agissait d’un plat inventé à Montertre (puisqu’il n’y avait pas traditionnellement de fromage en Gallarmor) sous la forme d’une série d’espaces, soit cachés dans la couverture en chausson soit simplement superposés entre des Tranches d’autres produits : l’œuf double miroir renvoyait à Kenoliet son reflet trual, en dessous le jambon et le fromage fondu fusionnaient sans Absorber la farine de fleur venue de Chine pour renouveler le blé nair local. Kenoliet voyaient la vie en creux. Il lirent d’une seule voix un nouvel exercice plastique.
Puis, Kenoliet commandèrent un double espresso dans deux tasses jointes et trouvèrent que la rencontre de l’eau, de l’air, du feu et de la terre pour parvenir à fabriquer cette boisson était un moment sérieux.
Il dirent qu’il ne faut pas la boire trop chaude puis Kenoliet se turent, se séparèrent et se désaltérèrent.
Segment 8.- Graveuken.
1.- Cœur de Graveuken
Le passage entre Jalonnais, Kenoliet et, moi, Graveuken, a pris 50 ans.
L’Oupluto, l’ouvroir de plutonium torrentiel, nous avait réuni.
Mon pôle expérimental et mon extrémité graveuse se sont rencontrés dans les années 70 au sein du groupe.
Je buvions du vin et de la vodka.
Je mangions des œufs mis à plat sur des poêles bifacées fabriquées près de l’étang de Kraon.
J’écrivions, peignions et gravions des scénarios de films. Finalement, je fabriquions de grandes jarres en verre remplies d’un mélange d’huile de noix et de vodka dans lequel flottaient des mots écrits sur des films transparents.
Exilés, je me sommes retrouvés pour parler des incompossibles humains.
Ma partie expérimentale jouait aux échecs.
Ma graveuse parlait cinq langues, écrivaient en cyrillique, en Hébreux et en lettres romanes
Mais en faisant plein de fautes.
Comme chez Rawax, mes tableaux pouvaient être mis à l’endroit ou à l’envers. Des duos survolaient dans les airs des parents tristes et des parents gais, comme des poupées ukrainiennes qui couraient après des oiseaux rouges dans de grandes bouteilles en verre.
J’avons formé quelques temps un espace carcéral qui volait comme un avion en papier.
2.- Poésie de Graveuken.
Les carottes Multitubes
Les carottes qui se fibulent
Qui s’appellent Multitubes
Je leur donnons deux plaques
Ça fait pas d’anarques
Je leur donnons deux poussées
Elles tombent d’un côté
Je les changeons en larves
Ça leur fait de longues varves
Je les tombons dans le feu
Ça nous rend frileux !
Ouille ! Aïe ! Ça fait bien du mal !
J’avons les narines qui braillent
Comme une boule de grenailles.
3.- Glose sur Graveuken.
Le pôle expérimental de Kenoliet a rencontré la partie Graveuse, a un atelier de l’Oupluto, l’ouvroir de plutonium torrentiel.
Devenus Graveuken, ils ont joué aux échecs,
Parlé de Samax, Rawax, Picax, Jalonnais et Kenoliet, discuté sans fin des parcours entre l’est et l’ouest, de celui qui remonte dans l’autre sens, vers Montertre, la source de l’Esse à partir de l’étang de Kraon.
La partie expérimentale a perdu son père en Sibérie et la partie graveuse dans les plaines de Salazar d’une balle dans la tête mais il n’en parlent jamais.
Graveuken se sont lancés en 76 dans un livre balistique à Partir du « Cornet à dé », célèbre ouvrage de Rawax : Il s’appelle le « Cornet Adde » et a été publié aux éditions du Sable Rond, la propriété de Prinsonne.
C’est la preuve que l’esprit de Samax a voyagé de proche en Proche jusqu’à Graveuken.
L’ouvrage est complété par des gravures paraissant survoltées
le temps et l’espace sur des palimpsestes, à l’endroit et à l’envers, sur le thème de la noix, le cerveau des cerneaux séparés-unis par un zeste de souris. Miroitant leur consommation de gaz, ils n’ont pas pris le séchoir à nuage. Fongibilité des noix de jambons dans le cochon initial, sur la plage du Méridien face au ponton, il ont été violemment heurtés au dos par une noix de coco. Décoquillées, lavées à la douchette sur grill, une décision à la noix, le juge a fait montre d’un parti pris évident. Les noix litigieuses provenaient bien des pieds mère. L’huilerie de Tahiti sépare les noix de coco de sols coralliens des noix de sols volcaniques avec des produits psychédéliques : konjac, psyllium, argile blanche, Noix vomique, adonis vernalis et la racine de bryone. L’humidité est poétée en vue de l’importation de lots de noix. Leur enfant momit après avoir mangé trop de noix. Le dessin « Makis Cocotiers » fait intervenir des lézards et 34 plantes en fin de compte ont été libérées dont l’onagre, la rhubarbe de Chine, l’artichaut, la sarriette, la noix de kola, le ginseng, le myrte, la badiane, le quinquina et la reine des Prés d’éponge.
La partie graveuse de Graveuken est l’arrière-petite-fille d’une brodeuse de Quindé et d’un gardien de Lisbonne.
Elle produit des livres balistiques.
Elle grava les images du « Cornet Adde » qui prolongeait les Œuvres inachevées de Rawax-Jalonnais-Kenoliet.
Elle rencontra l’extrémité qui sort de nulle part pour réaliser Bimoqteur et la bicauseuse que vous, deux ou trois peut-être, relecteurs, unis en un même segment, tenez dans les mains et lisez en même temps toute entière tout en rêvant vos propres textes.
Graveuken devenus Bimoqteur boivent de la Vodka et mangent des œufs sur le plat en descendant l’Esse en faction jusqu’à l’étang de Kraon.
Il croient arriver dans la steppe de Sibérie alors qu’ils se rapprochent de Quindé et font halte au bord du lac.
Il se séparèrent et errent en la serre.
Segment 9. Prinsonne
1.- Cœur de Prinsonne.
Je ne sommes pas un arbre qui grossit pour grandir, mais un graphe interminable. Chaque maillon est enfermé par les décisions antérieures et les fantômes restés sans seuil. Je sommes une pointe dans l’océan, en haut d’une grande falaise.
J’avons le poids de 200 ans d’histoire sur nos épaules mais ne sommes qu’un segment d’une longue chaîne.
J’aimons conter des tubes en Villarcotais et écouter danser les titans sans ballon.
Notre profonde motivation est de maintenir la lignée des imprimeurs.
Ma partie dynastique grandit à Montertre, capitale de la Villocellerie, près de la source de l’Esse et donc loin de Quindé où le fleuve rejoint la mer après s’être reposé dans l’étang de Kraon.
Elle conduisit rapidement l’entreprise à la faillite car elle était sans fond, arrogante et vide ayant vécu dans l’opulence. En réalité, elle était le terme de deux opposés, entre sa grand-mère espionne et son oncle coincé. Son identité était fracturée entre ses deux densités jusqu’à ce que je devenions Prinsonne.
Jusque-là ma partie dynastique était une branche cassée tourbillonnante dans le vent et la fête. Sa grand-mère avait été résistante pendant la seconde guerre Mondiale. Elle fut ensuite une espionne soviétique jusqu’à la mort de Staline.
Elle se noua fortement à ma branche dynastique lors de son adolescence.
Elle lui racontait sa vie de résistante avec son amant de l’époque, elle ne disait pas tout sur ses activités d’espionne.
Ma partie dynastique rêvait d’aventures et de voyages mais était aussi impressionnée par son oncle qui avait fait partie d’un groupe armé pour défendre l’Algénergie Villarcotaise.
Ma partie dynastique ayant plusieurs fois divorcé était un peu perdu entre ces deux influences quand il fit la connaissance de ma partie financière.
Je sommes une médiation vers l’infini, un point de falaise dans l’océan.
Mon embout monétaire parle avec les courants et renvoie les paroles prononcées dans les flux.
Ils finissent par se ressembler si bien que l’un peut remplacer l’autre à une assemblée générale.
Je sommes interchangeables et vivons en bilocation.
J’avons pour modèle Yvonne-Malestroit-de-Butte.
Entre nous, le vide n’est pas modifié par le temps et l’espace.
Je sommes animés par un sentiment de mission au service de la Villocellerie.
Je sommes très conscients du danger de décivilisation qui nous guette.
Quand la faillite de l’imprimerie fut annoncée en 1980 – ce qui voulait dire la fin de la littérature villarcotaise – je célébrâmes mes fiançailles financières.
Ma partie monétaire provenait de la branche maternelle de la grand-mère espionne.
Bizarrement, il était aussi un lointain parent de Picax, le double poète-peintre.
Je sommes appelé les anges blonds des affaires par les français et scalatori (les raiders) par les Italiens.
Je voulions rentrer dans la caverne d’Alibaba italienne, la Vénérable Medialtica, actionnaire de l’assureur Génie, l’un des grands d’Europe.
C’était la première fois que je jouions aussi gros (près de 500 millions de signes), hors de la Villocellerie, dans un domaine particulièrement périlleux.
J’avions mis au point une technique permettant de prendre le contrôle de grosses structures avec une levée de fond paradisiaque moyenne.
D’abord, Il fallait se montrer ami, prendre une petite participation, créer la confiance.
Promettre même de rembourser une dette si l’occasion s’en présentait.
Puis, refuser de la payer au moment opportun pour mettre en difficulté l’entreprise et ne pas approuver ses comptes.
Racheter des parts par des sociétés écrans et prendre plus de poids dans la gestion.
Promettre de redresser l’entreprise en payant ses dettes contre la vente de nouvelles actions.
J’aimons la libérature parce qu’on peut s’y faire pardonner.
En revanche, je rejetons l’idée qu’il faut s’autocondamner. Malheur à celui qui nous donnerait une gifle, je sommes du genre à lui renvoyer un crochet au menton.
Mais cela arrive rarement, car c’est presque toujours moi qui frappons les premiers.
Avec ce pactole, je nous sommes spécialisés dans la recherche par mots clefs dans le corpus villarcotais.
Je n’avons pas de talent particulier, je travaillons beaucoup.
On n’imagine pas combien les gens préparent mal leurs histoires.
Cela dit, ma partie financière est un super-ange gardien, sacrément entraînée.
Les gens qui m’en veulent sont très minoritaires, et pas très recommandables.
Je ne sommes pas des cow-boys. Je faisons partie de l’establishment libertaire. J’avons été membre du jury International du prix de la société des gens libres de la Villocellerie pendant quinze ans ; je sommes membre de Lettres et Cité et par ailleurs académicien décoré de la Légion d’honneur.
Je restons un petit dans la cour des grands.
Je ne cherchons pas à exister.
Je sommes fier de ce que j’avons réalisé.
Je sommes devenus, à force de courage et d’audace, un Groupe qui pèse et a su rester indépendant.
L’entreprise d’imprimerie (5,4 milliards de mots) cartonne sur des métiers trop étroits pour intéresser les géants,
Trop techniques pour attirer les amateurs,
Trop peu lisibles pour faire saliver les rêveurs à court terme. Aujourd’hui, le groupe tire l’essentiel de ses mots des songes maritimes et des impressions africaines,
C’est notre chasse gardée.
Je sommes le numéro un mondial de l’organisation onirique de L’axe Nord-Sud, avec le réseau poétimatique le plus dense et Le plus performant du continent sud-africain.
Sans oublier des projets dans le domaine de la communication (Le cinéma, l’édition, la presse).
Je ne savons pas si le groupe saura encore attirer les songes Dans 20 ans.
Je ne sommes pas facile à vivre, j’habitons d’ailleurs dans une île au milieu de l’étang de Kraon
Le groupe tient malgré ma personnalité de patrons en bilocation.
Il survivra donc très facilement à ma disparition.
Si ce n’est pas l’un et l’autre de nos héritiers qui reprendront Le catalogue, il est possible que personne ne s’y intéressera. J’essayons de leur transmettre la confiance en l’infini, l’attachement aux racines gallimoronnes, la bilocation et l’idée qu’il vaut mieux danser sur la vie que « de faire chier tout Le monde ».
Fatiguée par la rigueur de ma partie monétaire, ma réserve héritière l’a trahie en ne votant pas sa Reconduction au conseil d’administration pour cause de grand Age.
Je nous séparachutons en actions.
2.- Poésie de Prinsonne.
Ligri-gri l’écloppé dans l’entrejeu
Marco Ruud van Maracelan dans son pré carré
Foden feu Verbin de Cantona courage
Jérémie ayant encore pied d’Inca
Le mur Quaresma Baudolo au boulot
Cuir de la tête du prince Rayotte Upamecappé
Retourné du fier Jérémie Surface
Pelé Pied fait une Kopamecano préboeuf implatiné
Thurambele secoue les filets d’or de blé
Des rires secouent Loguirassi l’as du jeu d’osselet
Ronaymond Kopanot file à Okochette toute but
Maradollet place la petite tête de Pelé Pied
Fodarabioyo tacle la tête du Christ et casse les jambelles de Depayacottet
Maradonavo bricole la Têtetzka comme au miel
Dembelera garde la surface du cou de Michaula
Franck Leborgne Wehahah lui casse les jambières
Pamecano reconnait le cri de Jay-Jay Okochassable
Les jambons de Courtois géantent les redoutables Grecs
Ainsi combat l’humain demeuré l’animal
Fontaine entre et le renard Cristiano Goretzka tombe des cieux
Goethe le Best grand haphazard au nez
Marco vanne le malicieux Meurderline qui casse Bappéxaspéré
Rimbauboeuf est dans l’impasse
Mallarbilé a décapité Tut Fradona Milton
3.- Glose sur Prinsonne.
Quels sont donc ce Prinsonne, gallimorons intrépides et imprévisibles qui veulent défendre et illustrer la langue et la libérature Villarcotaise avec ses conjugaisons truales ?
« Ce sont le plus secret des patrons, expliquent Graveuken, la descendante de Tailleur-de-Lumière et d’une brodeuse. Il est très difficile de savoir ce qui se trame dans cette superbe mécanique intellectuelle. »
Graveuken, les éditeurs, ont une autre vision. Prinsonne ne leur ont-il pas permis de réaliser leur rêve de gosses ?
L’an dernier, les deux « anges blonds des lettres » les ont autorisés à faire le tour des côtes ouest-africaines (Côte D’Ivoire, Sierra Leone…) à bord de leurs cargos.
A chaque escale, l’heureux invités ont presque dû se fâcher Pour ne pas se retrouver logées dans des palaces, aux frais de Prinsonne !
Prinsonne a de ces fidélités touchantes lorsqu’il s’agit d’affaires Familiales.
Graveuken avait en effet assuré le redressement des éditions du Sable Rond, entre 87 et 92, après que Prinsonne les eut renflouées pour tenter de défendre et illustrer la libérature de Langue Villarcotaise. Pourquoi une telle générosité ?
La célèbre maison avait été fondée par l’oncle de la partie dynastique de Prinsonne, grand résistant, l’un des Villarcotais à avoir débarqué sur les plages de Normandie puis membre d’un groupement paramilitaire qui aurait voulu que l’Algénergie demeure Villarcotaise.
Prinsonne n’ont pas hésité une seconde à lui tendre leurs mains.
« C’est aussi un segment modeste et très fidèle en amitié », constatent Graveuken.
Mais attention, dès qu’il s’agit de lettres, « saint Prinsonne » se transforment vite en démon à deux têtes.
Les ex-patrons d’Air Tube, se souviennent ainsi d’un petit Déjeuner organisé, par Prinsonne, au printemps 1995, à l’hôtel Plaza-Athénée, à Montertre.
« Je voulons te présenter Graveuken, mais arrivez un peu avant 8 heures, il faut que je te parlons », les prévient Prinsonne. Pendant un quart d’heure, les gentils Prinsonne dirent le plus grand mal de Graveuken, qui cherchaient des investisseurs.
« Tu vas voir, c’est des minables, il sont nul, mais il ont 1 milliard de livres en poche. »
A 8 heures, Prinsonne s’éclipsent. Ils réapparaît ensuite derrière Graveuken, comme s’il étaient arrivé avec … et fait les présentations :
« Je te présentons Graveuken, les bilocateurs qui m’ont sauvé la vie ».
Selon deux témoins : « Les looks de Prinsonne pourraient fait croire à tort qu’ils sont seulement aimables et bien élevé, ce qu’ils sont, ils se ressemblent d’ailleurs comme deux gouttes d’eau. Mais ils sont aussi durs et intelligents comme tous les grands patrons, et parfois ce sont des prédateurs. »
La vocation de raiders de Prinsonne est apparue très vite. En 81, juste après la rencontre entre sa demi dynastique et sa moitié financière, il reprennent et sauvent l’imprimerie Familiale fondée en 1822, une affaire connue dans le monde Entier pour ses feuillets Biblique et
Sa volonté d’imprimer toute la libérature Villarcotaise. Il mettent pour cela le cap sur l’Afrique (rachat de papeteries et d’un transitaire).
Prinsonne, avec leurs gueules d’ange qui n’ont pas encore pris trop de plomb dans l’aile, est alors les coqueluches des médias et du monde des lettres.
Même son de cloche du côté de Graveuken, dont Prinsonne a fait leur conseiller pour les médias.
« Prinsonne ont une identité très forte. Il sont comme un attelage de chevaux sauvages qui court à côté de la horde, mais toujours en tête », lancent-t-il, un brin irrelationiste.
Si Prinsonne parviennent facilement à se faire détester, il ont aussi un talent incroyable pour se faire aimer.
« Il sont gais, au moins en surface, expliquent Graveuken, membres de leur comité stratégique. La perspective de les voir, c’est un ensoleillement. »
Mais comment ne pas remarquer aussi qu’il s’attaquent volontiers à de vieilles familles (Verbin, Mallarbaud) ou à des héritiers (Gallimord) ?
Prinsonne, dont les moteurs, selon Graveuken, sont « la fidélité à la langue villarcotaise et l’honneur du nom », ont sans doute eu une enfance heureuse.
Mais les choses ont été plus délicates lorsque, adolescent, la partie dynastique a vu son père sombrer dans une déprime mondaine.
Et plus encore quand, elle a dû interrompre une carrière prometteuse pour reprendre l’affaire familiale en faillite.
N’y aurait-il pas dans son comportement comme un parfum de revanche voire un parfum de fantôme : la grand-mère Espionne et l’oncle paramilitaire ?
En 81, quand Prinsonne montent sur une caisse en bois pour haranguer les ouvriers gallimorons de l’imprimerie familiale dont il viennent de reprendre le flambeau, il n’ont qu’une idée en tête : laver l’honneur perdu de la dynastie et de la libérature Villarcotaise.
Aujourd’hui, Prinsonne en relativisent l’importance.
« Je ne me sommes jamais senti héritier, sauf d’une ligne d’écriture, explique-t-ils avec des accents de sincérité. L’entreprise est dans nos mains depuis 181 ans. C’est cette histoire qui anime toute notre vie. Mon seul objectif, c’est de poursuivre la chaîne de textes. Jusqu’au bicentenaire. Avec un peu de chance, je serons encore là. »
Bref, un curieux bric-à-brac doublé d’une structure libertaire complexe, mise en place par leur partie mentor. Rien de très spectaculaire ni de très facilement lisible.
Attaché aux racines gallimoronnes « les activités de Prinsonne, on s’en fout, et leur stratégie, on n’y comprend rien, tranche Graveuken. Le groupe libertaire ne tient que parce que Prinsonne est là. Il sont de vrais chefs d’entreprise, mais il sont l’unique ciment de leur groupe. Le jour où Il disparaissent, leur groupe meurt avec eux. »
Le 26 février dernier, le tribunal Judiciaire de Montertre a décidé, à la surprise générale, de renvoyer Prinsonne devant un tribunal correctionnel, alors même qu’il avaient accepté de plaider coupable et négocié le paiement des 12 millions d’euros d’amendes dans une affaire De plagiat au Togo.
Graveuken assurent que le chef de l’État a demandé à Angela Merkel d’empêcher le géant allemand Bertelsmann de céder sa filiale télévisuelle à Prinsonne. Le segment milliardaire voudraient être certain qu’au sommet de l’État on ne leur mettrait pas de bâtons dans les roues. « Mais, enfin, arrêtez, vous achetez tout ! », rétorquent la prési-résidente au-dessus de la table du déjeuner. Au palais, on a longtemps joué avec le feu, au nom de la fameuse « triangulation » qui veut que l’on puise dans le discours des adversaires pour mieux les neutraliser.
Rarement un groupe d’éditeurs ne se sera construit aussi vite. Jamais il n’aura été mis aussi rapidement au service d’un dessein politique.
En quelques mois, la deuxième fortune de Villocellerie a bâti Un pôle de réaction libertaire qui s’étend de la scierie jusqu’à La distribution.
« C’est dans l’intérêt de la Villocellerie » affirment Prinsonne. « C’est en confrontant les songes qu’on s’en fait un, disent Graveuken, je sommes soutenus par un groupe d’éditeurs. »
Quand il aiment, Prinsonne ont le coup de fil et le texto faciles. Prinsonne et Graveuken déjeunent ensemble près d’une fois par mois et se téléphonent tous les jours. Graveuken par-ci, Graveuken par-là : « La seule ligne éditoriale que je respectons, disent Graveuken, c’est celle des patrons. ».
Ils sont nombreux à observer la mue de Prinsonne qu’ils Imputent à la rencontre avec la partie financière, mais rares Sont ceux à avoir compris le raid éditorial et idéologique qu’il ont lancé.
Il faut dire que les capitaines d’édition ont toujours entretenu Le flou sur leurs convictions critiques.
Personne n’ignore qu’il sont des hommes de fiction, et que Leur figure tutélaire reste l’oncle débarqué à 19 ans, le 6 juin 1944, sur les plages de Normandie avec le commando Cobra.
Premier patron des éditions du Sable Rond, lecteur passionné et éditeur d’une petite bande d’écrivains désenchantés de L’après-seconde guerre mondiale, l’oncle était aussi partisan de l’Algénergie-Villarcotaise dont il a publié bon nombre de soutiens.
Dans les dîners, Prinsonne déroulent avec force anecdotes la glorieuse légende familiale née au sein de l’imprimerie créée En 1822 sur les bords de l’Esse et de l’étang de Kraon. Ils ont Confié le soin d’en écrire l’histoire officielle à Graveuken, leur éditeur.
Cependant, « Prinséou les ancêtres de Prinsonne avaient payé les avocats pour faire de mauvaises plaidoiries quand Tailleur-de-Lumière sont allés au bagne en 1923 », racontent Graveuken.
Depuis quelques années, les proches de Prinsonne ont noté un changement. « Une forme d’insatisfaction, comme si la gloire et la réussite ne se suffisaient plus », confie Graveuken. Les projets de livre et de cinéma leur sont soumis pour Imprimatur.
Prinsonne a chaque jour besoin de nouvelles distractions.
Il s’inquiètent de la maladie et de la mort et semble gagné par un sentiment d’urgence.
« Lorsqu’un segment d’hommes est plus près du couchant que du levant, il leur vient insidieusement l’envie dérisoire de marquer leur passage », écrivait l’oncle dans ses mémoires.
A mesure qu’approche leur fin, il veulent peser sur l’avenir Libertaire du pays. Cette passation des pouvoirs aux héritiers Aura lieu lors du bicentenaire du groupe, lors d’une grande Fête-zone dans le fief familial de Quindé, sur l’île, au milieu de l’étang de Kraon.
Le duumvirat d’anges blonds s’exaspèrent de la balistique-Fiction. Comme beaucoup d’hommes de leur génération, la Balistique-fiction, ce concept qui prône la défense de toutes Les minorités, les exaspère.
Leur jeunesse s’évapore, il se sont mis à croire à la fameuse « Guerre de civilisations »,
«Je sommes tous deux préoccupés par la préservation de l’identité de la libérature Villarcotaise », disent-ils.
La croisade pour la fiction de Prinsonne prospère sur un terreau favorable : une foi de charbonnier qui se décline en images Pieuses de bilocation dans son portefeuille, un syncrétisme gallimorant qui balance entre tradition gauloise et piété de Malestroit. La devise de la famille est la même depuis 1789 :
« A genoux devant les deux infinis, debout devant les hominicules ».
Superstitieux, Prinsonne gardent à portée de main une statuette d’Yvonne de Malestroit-la-Butte et rapportent des bouteilles d’eau turpide de son pèlerinage annuel à Malestroit. « Prinsonne est un segment conscient de son héritage villarcotais, inquiet du déclin et que j’avons toujours vu s’interroger sur leur salut » dit Graveuken.
Une barge en aluminium relie la cale de Quindé à l’île de L’étang de Kraon, propriété de Prinsonne. Les invités n’ont pas ôté leurs chaussures : le bateau dispose d’une plate-forme Permettant de glisser jusqu’au sable rond.
Le 20 octobre, dans un édito intitulé « Se taire ou parler », Graveuken justifie le silence de leurs éditions sur le rapport de La commission indépendante sur les abus sexuels dans le Monde libertaire par des mots qui flirtent avec le Complotisme : « Quand toutes les ondes tiennent le même Discours, qui leur a appris cet hymne à l’unisson ? Ne peut-on y voir un chef d’orchestre caché et à quelles fins ? ».
La partie financière de Prinsonne qui ressemble de plus en plus à sa demie dynastique ne rate jamais une occasion, dans ses Interprétations publiques, de condamner la balistique-fiction. Il ressemblait surtout à sa conscience libertaire et pouvait le Remplacer à tout moment dans un comité d’édition sans que L’on ne voie la différence.
Il se sont séparés en l’AG.
Segment 10.- Gouakteur
1.- Cœur de Gouaqteur
Mon sommet végétal grossit lentement, invisiblement, si je le compare à ma pointe humaine, nerveuse, mobile, qui ne tient pas en place.
Mon pôle humain est volontaire pour parler à l’arbre, mais s’y prend mal, lui demande des avis dans des domaines que l’arbre ne peut comprendre, parle trop vite pour qu’il puisse décrypter.
Ma moitié humaine n’attend pas les réponses, ne peut s’empêcher sans le vouloir d’être arrogant. Pourtant, cette partie humaine a décidé d’épouser cet arbre qu’elle Idéalise et mésestime.
Elle s’assoit sous ses branches sur un tronc mort et se pâme tout en doutant un peu qu’il y ait vraiment quelqu’un.
Je nous nommons Gouaqteur, sommes entre la tête de l’humain qui touche le houppier et le collet : l’espace où vivent quelques insectes mal définis.
La plupart des gens ignore que le droit romain a été fondé par un chêne, il y a 3000 ans.
Lorsque ma partie humaine se met à marcher, je pouvons me déplacer de quelques centaines de mètres en gardant ma forme.
Cela donne l’impression que mon embout d’arbre se déplace aussi et qu’il est en bilocation. Il s’agit toujours de la même théorie : ce n’est pas les relata qui bougent mais le segment entre eux qui peut vouloir donner l’impression que ses termes se meuvent.
Mon corps électrique est composé du houppier inférieur ou dense qui maintient le corps physique et de la canopée supérieure ou légère qui peut se détacher. Ce corps électrique qui se déplace peut pouvoir être nommé : le double électrique.
Vu de l’extérieur, il a l’aspect d’un spectre.
Il est moins riche que le voyage cadaspectral.
Le ménestrel est le siège des émotions ressenties, alors que l’électrique est le siège des énergies.
Dans le cambium matérialisateur, le double électrique se détache plus facilement.
Il a souvent été confondu avec le corps cadaspectral. Mais le corps électrique, lui, se construit, se développe et c’est tout un processus pour pouvoir le déplacer.
La bilocation est la capacité d’être présent en plusieurs lieux, au même moment. L’ubiquité est le moment de la bilocation qui consiste à traverser plusieurs densités.
Ce phénomène fut décrit depuis l’antiquité déjà.
Hérodote en a parlé en 600 ans avant J.C à propos de Pythagore qui fut vu en même temps à Métapont en Italie et à Taureaudinium en Sicile.
Cependant, plusieurs scientifiques doutent qu’une personne puisse être physiquement présente en deux endroits en même temps.
Ils considèrent qu’il n’y a pas de preuves d’un tel phénomène.
Plusieurs procès notamment à Salem ont abouti à des condamnations pour sorcellerie bilocale au 17° siècle alors que la preuve de l’existence de spectres avait, elle, été établie.
Il se peut qu’il s’agisse d’une erreur de perspective car de nombreux sages orientaux disent que c’est l’espace entre deux termes qui a été vu en deux endroits en même temps et non pas les termes eux-mêmes qui finissent par se ressembler comme deux grains de sable.
J’allons nous falloir l’étang de Kraon pour célébrer mon mariage entre un humain et un végétal, capable de parler vite et lentement à la fois.
Dans beaucoup de récits, on fait parler les animaux, les plantes, les fleuves et les montagnes mais on ne fait pas parler leur union qui est la seule chose qui s’exprime véritablement.
2.- Poésie de Gouakteur.
Fines amors claime en nous par rempotage
Par eritage laisse en nous potage
Nous par mes ors clame en nage
Claime en nous mon ermitage
Fines amors, qui s’embrasse et se guide
Que notre âme soit en notre noble bide
Laine amors clame en nous par repiquage
Laine amors claime en nous parages
Tout se faict miroir où chaque moi par étage
De nos aïeux, j’avons l’air d’un piratage
Fines gueules, calame en nous la haine des bolides
Broies en nous les serrements de notre noble bide
Fines amors claime en nous par transplantage
Par éritage passons-nous le potage
Fines amors, qui s’embrasse et se guide
Que notre âme soit en notre noble bide
Fines amors claime en nous par compostage
C’est par âmes que je nous enlaçâmes
3.- Glose sur Gouakteur.
Gouaqteur entendirent l’appel d’un espace un peu caché pourtant tout près de chez eux et laissé à l’abandon.
Il se sont senti appelé par les grenouilles mais aussi par un petit marais autour d’un affluent minuscule de l’Esse. Sa partie vieux chêne était en bordure de l’étang de Kraon.
Les arbres, herbes, bosquets, insectes, lièvres, mulots, grenouilles et oiseaux qui peuplent cet espace ne comptaient pas sur Gouaqteur pour les entretenir.
Ils se débrouillaient très bien tout seuls mais avaient bien compris qu’il leur fallait trouver une forme humaine.
Elle serait là pour les protéger des irrelations.
Depuis qu’il avaient adhéré à cette situation, Gouaqteur avaient le sentiment de vivre en bilocation, toujours là-bas et pour partie dans sa vie sociale.
Sorti de Gouaqteur, son extrémité humaine s’y voyait encore, comme si son corps appartenait à cet endroit. Il faut dire qu’elle y pratiquait de nombreux exercices : la lévitation en arrière, l’étanmorphose en sanglier et en saule, la fusion momentanée au point de disparaître, et surtout la bilocation.
L’assèchement, la destruction, l’effacement de l’étang de Kraon estrangé de son chêne, l’arbre orphelin, fit réapparaître le corps de l’ombre dans ses racines pour qu’enfin Tailleur-de-Lumière se dissolvent et cessent de vivre En bilocation perpétuelle.
Ce n’est pas la partie lumière qui a décidé du meurtre de tailleur mais Prinséou.
L’opprobre est rejeté sur Prinsonne son descendant qui ne réussissent pas à maintenir leur empire, les membres de la génération suivantes se délitant en fragments.
Prinsonne, déçu par ses héritiers, a finalement vendu son Imprimerie et ses maisons d’édition à une entreprise anglo-américaine qui a besoin de faire Fonctionner l’IA sur un corpus villarcotais pour donner accès à Des citations qui font bien dans les romans anglais.
L’on retrouve le corps de l’ombre enfermé sous une vieille presse d’imprimerie au fond de l’étang de Kraon que l’on vide, emmêlé dans des racines de chênes entrelardées de pierres de champs.
Segment 11.- Gouakraon.
1.- Cœur de Gouakraon
Mon bout de chêne se dresse au bord de l’étang, ma limite d’eau est vouée à disparaître.
Je formons Gouakraon depuis 800 ans, j’avons grandi ensemble.
J’avons beaucoup aimé, de grands arrondis nets clignotants, les yeux au dehors fixés sur la moitié silence du milieu, comme si le fou rire de la demi-lune coulait entre nous.
Tant de localités vivrières que bougé par des sons trinitaires où Foula jusqu’au quart le trimaran,
Je ne vérifiâmes la berge qu’à l’enflammage instable de nos Initiales inversées sur les environs mis en tas,
Ce qui nous rappela à nos individuations urbaines. Qu’arrivait-Il, où étions-je ?
Il fallut, pour voir vert en l’affaire, nous rappeler notre départ tôt, cette mi-juillet de flammèches, sur l’intervalle mort entre les cigales éteintes d’un tournage Large dans un excité delta, en quête de nos raisons d’âmes et avec un drageonnement de méconnaître l’espacement occupé par la mitoyenneté entre des amies d’amies, auxquelles je devions improviser des midis.
Sans que le pointillé d’aucune tige me retînmes devant deux Paysages l’un par l’autre chassé avec ses reflets en onde par le Même tiers coup de latte, je venions loucher dans quelque cité de roseaux, partie énigmatique de notre course, au milieu des rivières : où tout De suite élargie en fluvial forêt, j’étalâmes une non chaleur D’étang crissé des hésitations à déguerpir depuis ses thermes.
L’étude du rien nous enseigna que cet obstacle de bois pointu tout en courant, devançait les haubans tendus D’un pont suspendu jusqu’à la terre, d’ici et maintenant, une Haie d’aubépine ouvrant sur les pelouses d’un hippopotame.
Simplement le parc des inconnues du midi. Toutes je les évoquions luxueuses. Séparés, on est ensemble : je m’immisçons à deux en notre double extrémité, dans ce bruissement d’eau où nos rêves batardent les indécises, qui mieux que la bilocation, suivie d’autres, l’autorisera ?
L’assèchement à accoucher d’un corps sans racine
Peut-être un de mes nerfs aura su s’unir à la tige
Et je nous sommes arbrés d’un seul jet sur la tombe.
La Rivière, le Terreau, la Terre du berceau,
Blessée en plein cœur par cette sombre bombe
J’avons pleuré en mêlant le bruit des vagues et du vent dans les branches le cantonnement des sous-espèces cotées.
2.- Poésie de Gouakraon.
Des mâcrettes jadis dans l’étang
Restent les mulettes à l’air
Fruit fermé flippé l’entend
Reins filtrants brassant rizière
Le distributeur et sa muse visqueuse
L’utérus suisse et ses vases vertueuses
Les brèmes errent dans la vallée déserte
Une musse blanche va et vient sur la berge
La grève intestine range les racines de calcul
La plieuse hurle à la perche de gressin
Le pêcheur du matin s’est cassé la virgule
La cygnesse affamée galbe le dernier des gardiens
Des hurles d’algue perlent en bulle
Le putride marais se fait prurit
Le tartre envahissant étuve la mule
Dans un chuintement de sang
La rivière s’écrie
Le livre mariné a englué la crique
3.- Glose sur Gouakraon.
L’eau parle encore moins vite que le chêne, même si sa vitesse dépend du vent qu’il crée. Gouakraon profitent de ses souffles pour former de petites vagues qui sont aussi de petites ondes sonores et il faut beaucoup de temps au chêne pour reconstituer les phrases, dépendant pour sa compréhension des champignons qui vibrent dans ses racines.
Gouakraon vont disparaître trop pollués à cause de tous les produits que l’imprimerie de Prinsonne, la scierie et la papeterie ont déversé entre les années 60 et 2000.
Gouakraon devant disparaître, doit se transformer, se transbahuter dans un autre duo qui pourrait bien être Gouaqteur, mais le chêne craint que l’amour qui circule dans Gouaqteur vient de son emplacement au bord de l’étang de Kraon et qu’il se détournera lorsque Kraon se vidangera.
La vidange de Gouakraon est un estrangement entre l’étang et Le chêne, un écartèlement lent : les vannes grandes ouvertes pendant des semaines. La chute d’eau en aval de l’Esse avait déjà perdu une partie de sa pierre en étant détournée vers un passage taillé plus haut, au marteau-piqueur, dans les espaces de schistes empilés comme des toits de Fourmis.
Les racines du chêne furent ainsi dégagées de leurs eaux, asséchées, et l’on trouva sur la table de dissection des vases emmêlées entre la zone subéreuse et la zone pilifère ce qui restait d’un vieux corps humain calciné sans tête plombé d’une presse d’imprimerie usagée et d’un parapluie cassé.
La partie lumière de Tailleur-de-Lumière était coupable du meurtre de son ombre mais il avait été aidé par Prinséou, le conseiller départemental déprimé.
Tailleur-de-Lumière avaient discuté dans la Cadillac entre deux pannes et la zone d’ombre avait bien fait savoir qu’elle était favorable à L’importation de camion-chenille sur les routes de Pengallarbed pour joindre la scierie à Morlaiox, la papèterie à Benodiern et l’imprimerie à Quindé mais qu’il s’opposerait à l’usage des dérivés du gaz moutarde pour lubrifier les usines.
Son frère jumeau en avait avalé sur le front en 1915 et ne s’en remettait pas, ne pouvait travailler, ne pouvait rien faire que rester allongé sur son lit toute la Journée.
La partie lumière avait télégraphié l’information à Prinséou quand Tailleur-de-Lumière étaient arrivés à Houdanda. Prinséou lui avaient répondu à Dreux : « Faut moutarder, rdv S. ».
Tremblant, Tailleur-de-Lumière, vivant et mort dans la Cadillac brûlèrent la priorité à un autre véhicule qui fonça dans une Haie.
Picax étaient sur les sièges pilote et passager, il ne purent se désincarcérer seuls et, a fortiori ne purent arrêter la Cadillac de Tailleur-de-Lumière qui commit un délit de fuite.
Certes, on pourra pouvoir y voir une coïncidence invraisemblable ; ceci dit les véhicules à moteur était encore rare à l’époque.
Selon la théorie irrelationniste de la coïncidence, deux rapports juridico-symboliques ayant pratiquement tout perdu de leur carapace de mots laissent passer des informations inconscientes sans cadre qui peuvent se traduire par des rencontres fortuites fort violentes.
Picax tentèrent ensuite de remonter, grâce à un enquêteur privé, vers leurs assaillants qui étaient la cause de la claudication de leur partie feuille.
Tailleur-de-Lumière sous forme d’une partie vivante et d’une partie morte empoisonnée avec l’échantillon du gaz moutarde fourni par les américains pour la négociation filèrent vers Havricote pour envoyer un télégramme signé Par leur zone d’ombre indiquant que tout allait bien.
Tailleur-de-Lumière repris la route jusqu’à la scierie à Morlaiox où il scièrent la tête de leur ombre pour éviter toute authentification et tenter de se débarrasser de leur fantôme.
Il jetèrent la tête dans le four à bois de la scierie puis se Rendirent à l’étang de Kraon en bas de l’imprimerie pour plomber le corps calciné restant avec une presse D’imprimerie usagée.
Le contact de l’air corrompit le corps de l’ombre qui commença à se dissoudre.
Les coagulants éternels du lac issus du gaz moutarde et surtout du plutonium mis au point par Keneliet et l’Oupluto en étaient aussi responsables.
Graveuken, la descendante de Tailleur-de-Lumière se dissolvèrent quand le corps de l’ombre fut définitivement Identifié.
Il n’y avait plus de risque de bilocation, plus besoin de prier Yvonne de Malestroit-de-Butte.
On découvrit finalement car on savait quoi chercher que le dénonciateur de Picax en 1944 était Prinséou qui s’inquiétaient de l’enquête longue et discrète de Picax pour retrouver l’assaillant de la Cadillac et son commanditaire.
On riait au château, il s’enfuyaient.
La lune-étang était pleine et blême, et la barre-d’horizon, Ordonnaient un mignon stratagème…
— « Les rayons et les bulles de Lune-Étang procréeront-ils sans honte à la face du monde ? Nos pudeurs s’affligèrent. Qu’ils se marient, voyons. Pas de prêtre ? Allons donc. Je sommes là, moi, barre-d’horizon »
Or, elle ont marié ce soir la lune avec l’étang. Un fort beau Mariage, avec beaucoup de gens. Autour du fils unique, un Poupard de brouillard gros de tout un hiver et un été, — avec Un cortège de ronces ! — au clair de Lune-étang, outre nos Achats d’écureuil, des étoiles-têtards folâtraient dans les Interstices de robes électriques.
La croquette Lune-Étang, là-haut, se frottaient les pommettes, Des bouts bleus d’un nuage percé, et polissaient les narines. Bien, il firent la toilette, eux-mêmes, des fiancés étang-de-Lune. Leur brûlante perruque de joncs écartelés, — il lui Courbèrent d’un tremble une raie de côté, — leur surprise fut Énorme :
— Qu’avez-tu fait de vos narines ?
— Ben, gémit l’étang-de-Lune.
— Coincoin, il vous faut des narines.
— J’avons ces drains fumants, j’avons cent bras de gras, j’avons cette source d’Esse, j’avons une jambe de bois.
— Cent bras, c’est trop. Tu avez assez d’une jambe de bois, mais il vous faut des narines.
— J’avons des aulnes, j’avons des ailes…
— Holà, mais je ne t’apercevons aucune bouche notre cher. Holà, étang-de-Lune, comment parlez-tu ?
— Avec le vent dans mes cheveux, entités naturelles.
— Ça ne se passera pas comme ça. Tu serez comme un angle de chat siamois. Et tu aurez une double bouche encore pour se baiser…
— Et lui souffler ces vers couleur de son visage, que pour elle notre cervelle cisèle de ses reflets, n’est-ce pas ?
— Votre cervelle de noix ?
— Oui, notre vase visquoreuse ; et depuis si longtemps ils sont au moins quinze cents ! conclurent galamment les joncs avec le vent.
D’autant mieux qu’étang-de-Lune pourra pouvoir vous choir sur le nez,
Sans préjudice de la lune-étang,
Il faut filer. Un gueux d’orage se drape sous la lune, qui d’une Foudre oblique pourrait bien les défendre… Beurk ! Elle sont de ces fous renaissant de leurs cendres.
Tout se passe comme si la difficulté de la contrainte ramène à la poématique la plus fluide sans pronom personnel, à moins que le « tu » et le « nous » n’y reste cachés dans les peaux d’animaux.
Segment 12.- Bimoqteur.
1.- Le cœur de Bimoqteur
Si je parvenons à un niveau de conscience truelle – c’est-à-dire ne raisonnant qu’en joints – comme l’avance Norbert Elias, alors le roman n’est peut-être pas la forme propre à en rendre compte car il met en évidence la lutte d’Individus contre la Société.
Or, ni l’un ni l’autre n’existe : il n’y pas d’Individu-île ; un tout-Société n’existe pas ; existe cependant un ensemble d’espaces truelleaux.
La forme essai parle, elle, d’un tout social voire environnemental qui n’existe pas davantage. Claudel demande à ce propos ?
« Et pourquoi m’ayant créée, m’ont-ils ainsi cruellement séparée, moi qui ne suis qu’un ? pourquoi ont-ils porté aux extrémités de ce monde mes deux moitiés palpitantes ? Ensemble et séparés. Loin de toi avec toi ».
En tant que segment Bimoqteur, je conjuguons au nous.
Le trual est une conjugaison qui, comme une truelle pour faire des joints entre les pierres, existe dans d’autres langues telles que l’hébreux.
Je prenons un billet avec une escale, je devons être les seuls dans l’avion. Il prend son envol sans que l’on s’en aperçoive.
Entre la route et le ciel, il n’y a pas de différence, mais il tourne déjà dans un bel après coucher calme du soir.
Au milieu de deux falaises de nuages, il prend un virage à 90 degrés.
Il doit déposer des paquets quelque part, entend-on, lorsqu’il parle à la radio.
On dit « je ne savons pas où j’allons ».
Je regardons une carte sur un écran.
De nombreuses villes et noms avec un aéroport, sans doute un aéroport international car je devons prendre ensuite un avion pour aller dans un autre pays.
Une petite ville qui commence par S. pas loin d’un aéroport international.
C’est le grand virage avec un conducteur et co-pilote accrochés en double fou au manche comme s’ils étaient dans une voiture et qui roulent à fond.
Escale a donné escalier, transformation aussi ; s’agit-il de se laisser aller vers sa destinée double ?
Le virage brutal et en même temps maîtrisé mais au dernier moment entre deux falaises de nuages, changement de vie, un emportement irresponsable.
Un changement d’âge aussi.
Il nous manque encore un point d’atterrissage et ensuite partir pour une fausse festinée ; un vol abrupt, brusque, pas forcément long que je ne maîtrisons pas mais nécessaire.
Aéroport inconnu, des paquets laissés ailleurs, les paquets du passé : instruction tendant à la production par les parties de tous éléments permettant d’établir la compatibilité du refus attaqué avec la trajectoire de séduction des émissions de gaz à effet de serre.
Bimoqteur m’a été donné comme nom.
L’arrière-grand-mère d’une de mes ailes a dirigé l’ouvroir de broderie initié par une dynastie d’imprimeurs, elle est la descendante de Tailleur-de-Lumière et d’un gardien de Lisbonne ; mon autre aile est venue de nulle part et a pris beaucoup de vents.
Ma partie héritière des brodeuses a conçu le livre en forme de S et les gravures tirées d’anciennes broderies.
Ma pointe venue de nulle part n’a rien à raconter alors il m’impose des contraintes pour avancer.
Le livre en forme de S devient une sorte de tiers puissant remplaçant l’étang de Kraon voué à disparaître.
A vrai dire, j’avions déjà vécu en une seule boule de grenouilles pendant mille ans ; le nom venait après la chose.
Ma pointe brodeuse a dit à mon extrémité de nulle part qu’elle avait beaucoup souffert au moment de la parturition : elle l’en tenait pour comptable.
J’aurions jamais dû être séparé : elle se sentait femme, mère, enfant, terre, père, pleine et entière, vivante, affiliée à tout l’univers.
Une partie d’elle poussa, une autre se rétracta. Mon autre aile n’était rien sans elle et pensait la même chose, sauf qu’une fois séparés, il nous voyait – dans une expérience de sortie de corps, comme un assemblage qui ne se désimbriquerait plus, une colle si forte obligeant le duo à marcher comme des siamois, à faire découper des vêtements spéciaux.
Aucune opération n’était envisageable pour tenter la désincarcération d’autant qu’en l’occurrence elle n’était qu’imaginaire et donc perpétuelle.
Il voyait Bimoqteur de l’extérieur alors qu’il en était une partie. Je commençâmes ainsi mon existence de ventouse cahin-caha ; je me réunissions fréquemment pour casser la croûte.
Elle considéra ma partie venue de nulle part comme un être vorace et sans manière : il ne pouvait s’arrêter de manger et lui vidait douloureusement ses espaces.
Elle l’en tint pour comptable.
Elle lui en voulait aussi d’avoir empêché la séparation plus tôt ; de s’être accroché dans les tréfonds tout en voulant se jeter dans l’univers alors qu’elle, au contraire, voulait l’empêcher de se jeter dans le monde en restant coller au-dedans d’elle.
Leur disjonction aura duré 200 ans dans un mouvement croisé de doubles contraintes impossibles, de désir d’unité et d’automobile inconciliable.
Le désir massif de fusion de ma demi brodeuse était aussi terrifiant que le désir détourné d’autonomie de ma moitié nulle.
Ils étaient marqués du sceau de la parturition impossible ; elle n’avait eu d’yeux que parce qu’une autre force, celle de l’étang de Kraon, s’était imposée à eux.
Il a fallu les fers pour les désembaumer comme elle devait ensuite l’arracher pour l’empêcher de la vider entièrement de son sang.
Les forceps froids lui ont laissé à vie une casquette dans la tête tandis qu’elle n’a pu s’empêcher de le haïr pour avoir préféré cette aide d’acier.
Elle savait que les comptes se solderaient un jour mais elle avait tout son temps car je nous reconstituions encore souvent.
J’avons vécu l’enfer après avoir connu mille années de paix, de douceur extrême, de plénitude invraisemblable.
Ma moitié bordeuse en rendant coupable ma part nulle en faisait un adulte irrémédiable. Il en sortait fort exclu à vie ; armé de fer et d’acier, goulu et déchiré ; il affronterait toutes les batailles sans elle, à peine soutenu par quelque union provisoire et latérale.
En attendant, il buvait tout son saoul et profitait de l’univers de sons et de couleurs enturbannés en mon sein creux de Bimoqteur.
Elle se regarde dans la glace de l’étang sans tain et prend le regard de celle qui sait être pour chaque humain celle qui le rend Eden et demande confirmation à un jeune de chambre qui se tient de côté sans se voir ; ne peut être perçu joli, cherchera encore longtemps dans tous les reflets de vitrine son reflet pour être sûr d’exister, ayant connu un moment de plénitude en se déguisant en elle avec ses affaires et attiré ainsi ce qui s’en allait. L’autre qui saura le regarder ainsi brisera tous les tanins et il sera l’aveugle au visage tordu ne pouvant se rectifier.
Je nous sé-parâmes enla-cé sur le pont de
2.- Poésie de Bimoqteur.
L’écureuil à ventre rouge se fend la pipe
Le cerf aboyeur se roule sous la table
Le ragondin fait la bombe
Un tamia de Sibérie s’instruit avec l’Ibiscus sacrée et la trachémyde écrite
Ils font la tortue et le goujon d’amour
La Grenouille-taureau, le chien viverrin et le merle des mollusques entonnent un rondeau
Martin crise d’en rire et la perche-soleil se réchauffent sans se connaître
L’Achigan à petite bouche perche l’arc-en-ciel
Sous l’eau, le serpent roi de Californie effleure la
Xénope lisse et le crabe bleu
Le rat surmulot dérape sec au bar
Le lapin américain s’agrandit sans fin
La Bernache du Canada, la Perruche à collier et la Grenouille verte des Balkans rigolent avec le frelon asiatique
L’écrevisse américaine est virile dans sa mer
Le ver plat de Nouvelle-Zélande se plie en quatre
Choquemort crevé retrouve la moule quagga et se tapent sur les pattes
Le moustique tigre mouche les poissons chats zébrés de cette longue soirée
3.- Glose sur Bimoqteur.
Bimoqteur se réunissaient sur la table des anges.
Sa partie graveuse polissait le dos de sa partie venue de nulle part jusqu’à ce qu’il redevienne un morceau d’elle.
Son ébullition se faisait en gloire de fusion et sa partie nulle ressentait le frottement doux de la table capitonnée comme un retour à leurs mille ans d’existence.
Sa peau sèche et déserte, rougeoyait et fumait comme une braise près à prendre feu ; la graveuse se remplissait de son âge doré, les joues rosées. Les mains coulissantes de miel de Bimoqteur ralentissaient.
Un léger écœurement cueillait froidement la partie graveuse et elle tenait la partie nulle pour responsable de cette malaisance. Bimoqteur ainsi volaient cahin-caha.
La partie venue de nulle part s’aperçut assez vite qu’il y avait un filet autour de lui : au-dessus planait un tronc.
Un tronc était dans les parages quand il allait dans la salle de repos, un mur plus qu’un espace car le tronc était grand et poussif, loin des autres.
Il ne mangeait pas et poussait très haut sans grossir comme ces plantes qui n’ont pas besoin d’eau. On montrait à la partie graveuse la seule chaussure restée du tronc après que l’autre fut tombée du haut du ferry qui les conduisait sur une île de l’étang de Kraon, 800 ans avant la parturition de Bimoqteur.
La partie nulle revenait des anges à l’instar d’une anémone des mers orange foncé se rétractant pour subir la marée.
Derrière son lit, une pierre molle, rouge et humide s’était ainsi formée.
Quelques heures par jour il devenait un prédateur de planctons.
Mais il pouvait aussi être chauffé dans une poêle avec des tomates fondantes et quatre obus prêts à exploser.
La partie nulle ne savait pas quoi penser de Samax qui le vidait de ses pensées ; il sentait l’intérêt qu’il aurait à y gagner mais n’était pas certain qu’il y serait libre.
Une sorte d’équilibre s’était trouvé même si les bruits qu’il entendait derrière le paravent lui faisait peur. Il n’avait pas de chambre à lui mais un recoin.
Samax s’était formé dans son dos, il l’a su mais s’est accroché ; pourtant il sentait bien que Bimoqteur se distendait, devenait plus abstrait.
La partie nulle avait fait de la partie graveuse un idéal et c’était là une dette impossible.
Il l’avait compris mais n’avait rien pu en faire dans sa chair : cela ne lui laissait aucune chance.
Il était juste face à l’exclusion nécessaire, tailler en bouc émissaire perpétuel.
Le soleil faisait rage, la partie graveuse déjà dégrossissait.
Il pleura d’insolation et d’isolation jusqu’à ce qu’un couple de voisins suggérât de le mettre dans un seau d’eau, où il resta une semaine entière.
Retour à la mare d’origine, il s’endormit.
Quand Samax sont sortis du brouillard, il était déjà trop tard. La partie sortie de nulle part devait voler de ses propres ailes, si âgé si jeune. Graveuken prit sa place sur la table des anges. Il se peut qu’au contraire la partie nulle se fâcha et s’éloigna de la graveuse ; celle-ci le dit jaloux comme si ce n’était pas naturel ; la partie sortie de nulle part voulait aussi découvrir le monde. Leur séparation ne fut jamais totale car la partie graveuse voyait en sa partie nulle une fille, celle qu’elle désirait, une autre elle-même dans le miroir.
Elle le lui avait dit mille fois, l’habillait en conséquence.
Les positions devenaient claires sauf que pour la moitié sortie de nulle part ce n’était pas juste : il l’avait vue faite, pourtant Samax avait pris sa place : coupable et donc responsable ; exclu mais essentiel aux positionnements.
Plus tard la partie sortie de nulle part, esseulée, serait reconnue comme l’un des spécialistes mondiaux en ingénierie de câbles sous-marin.
Cette destination s’était façonnée dans les linéaments de son exclusion initiale : elle ne pouvait tenir qu’en faisant tenir.
Ce qu’elle avait apporté à la science était la nécessité de trianguler les câbles aussi solides soient-ils pour résister non seulement aux évènements naturels : tempêtes sous-marines et même éruption de volcan, mais surtout les sabotages.
La partie graveuse était à chaque fois remplacée et toute sa composition initiale reprenait vie avec ses vices originaux.
Quoiqu’il fasse la partie sortie de nulle part met de l’ordre et du récit, quoiqu’il fasse il rend tout cohérent.
Il a traversé tous les régimes mais au prix d’un atroce détachement.
Leur partie graveuse défait les récits par des images anciennes luttant contre les ouragans d’images neuves et vides.
Bimoqteur réunirent les douze segments entre eux, à mi-chemin de tous les lieux parcourus et de tous les extrêmes entre balade sur la plage et méditation au milieu d’un champ :
« Je supposons que nous sommes spécialistes de câble sous-marins pour transmettre, recoudre et éventuellement séparés ; je ne pouvons parler de nous car c’est impossible : Je, Bimoqteur, habitons en bilocation près d’un étang pollué en train de se vider et finalement de disparaître. Je peinons à nous réchauffer de loin. Les personnages sont Samax, Rawax, Jalonnais, Kenoliet, Tailleur-de-Lumière, Graveuken, etc. Je parlons d’une même voix à une densité de lecteurs inconnus. Il est un et deux à la fois, le « je » peut être suivi d’un verbe à la première personne du pluriel mais le nous peut être suivi de la première personne du singulier ».
On ne parle pas des vrais responsables : le président de la Gaule kraonnaise dit :
« On dit juste qu’il y a 4 mètres de vase bifacée sur 5 mètres de fond, que seuls les brèmes et les silures survivent et qu’il faudrait mettre toutes les cabanes par terre ».
Y a-t-il plus qu’une eau profonde investie par personne ?
La partie image, gravure et forme du livre vient d’une descendante de brodeuse de Quindé, et de Tailleurs-de-Lumière. La partie texte vient de nulle part car elle a grandi autour de l’étang de Kraon qui s’efface jour après jour. Bimoqteur vivent dans une cité radieuse.
Celui qui venait de nulle part ne savait pas à quoi il ressemblait, ni quel âge il avait.
Il ne voyait dans la glace que sa partie image.
Un jour qu’il venait récupérer son vélo sur un arceau de rue, une femme est arrivée vers lui comme si elle le connaissait, lui a parlé de cette coïncidence : avoir accroché leurs deux vélos sur le même arceau.
Il n’arrivait pas à la remettre et finit par lui dire qu’il ne pouvait être celui qu’elle disait car il ne portait pas son nom.
Elle dit que pourtant il lui ressemblait comme deux gouttes d’eau.
Plus tard, il chercha le nom de celui auquel il ressemblait et trouva même une vidéo où il parlait.
Il vit un homme ayant la cinquantaine, paraissant équilibré et sympathique, puis il se regarda dans le miroir et tout à coup vit quelqu’un qu’il ne connaissait pas, se vit dans les yeux de cette femme qui l’avait abordé autour de leurs vélos.
Il ne revit jamais cette femme qui n’entra que quelques minutes dans sa vie mais lui retrouva sa place au sein de Bimoqteur.
Si l’on efface un étang de 90 hectares en une rivière étroite, il reste quoi ?
Le noyau des eaux ?
Le chant des roseaux ?
L’éponge du tableau ?
Sur le sommet du chêne le plus haut de l’ex-île, Prinso libéré du financier Sonne d’un regard étonné, ennuyé mais fier, observe le retrait du trait d’atoll ; les eaux surprises s’évaporent. Redevenues rivières,
elles se séparent
en lacets.
Poésie finale :
Destruction de la ligne d’eau corallienne en vue de son engloutissement
Déconstruction de la digue de l’étang en vue de son effacement ultérieur
Regarder les opérations successives de vidange, de curage et d’effacemen
Il s’agit, d’une part, de l’effac-aime et, d’autre part, de leur aménagement :
Passes à poissons et contournement d’ouvrages
Effac-aim des données numérisées et informatisées des eaux bifacées du
Pacifique
Ces deux océans communiquent : la vidange complète de l’un devrait entraîner
L’effac-âme de l’autre
L’effa-cime pour la continuité écologique du ruisseau de l’anse de Saint-Cadou
Un programme national des facs de barrages et de création de passe à poisson
La différence entre les deux courbes sur la plage d’éfa donne la quantité d’énergie
efé
Critères de détermination du jour d’œuf rouge et blanc
La possibilité de certifier des nouveaux sites d’enlacement moyennant de
Nouvelles pattes d’ef
L’acquittement de l’alarme sonore et lumineuse ne doit pas provoquer l’e des
Données nécessaires à la récupération d’une personne tombée à la mer et
Des points de cheminement…
Centon sur les séparations enlacées.
Il est impossible de s’imaginer la solidité
Des relations à l’époque. Par principe
On ne laissait jamais place au flottement de sorte
Que tout était utile. Les gens mouraient
Ravis de la longue attente
Puis la gentillesse basculait pour la dernière fois
L’être humain, inconsistant par essence, semblable à la Poussière portée par les aires, ne supporte aucun lien
De la pierre de taille du pont, d’où il est allé s’écraser dans la Vie, initié au vol par les blessures, — du Pont Mirabeau. Où Ne coule pas la rivière Oka. Et quels amours !
Je suis toi quand je suis moi
Une nasse a capturé dans ses mailles une nasse
Nous nous séparons enlacés
Et quelque part dans cet instant existe la possibilité que nous Ne nous revoyons jamais
Pas de lettres ! Apparemment aucun lien ! Ta main fine et Pâle
Voilà ce qu’il était, ta blondeur et ton regard-en-arrière-Lancé-vers-moi… Vingt secondes qui valaient vingt-cinq ans.
Dans ces moments de permanence que nous partagions
En marchant tous les deux
Tout de suite élargie en fluvial bosquet, elle étale un Nonchaloir d’étang plissé des hésitations à partir qu’a une Source
Comme sous le silence spacieux de ce que s’annonçait L’étrangère
Séparés, on est ensemble : je m’immisce à de
Sa confuse intimité, dans ce suspens sur l’eau où
Mon songe attarde l’indécise, mieux que visite, suivie D’autres, l’autorisera.
Résumer d’un regard la vierge absence éparse en cette Solitude
Dans la stalle vacante à mes côtés, une absence d’ami… Témoignait du goût général à esquiver ce naïf spectacle.
L’absence d’aucun souffle unie à l’espace, dans quel lieu Absolu vivais-je ?
A n’entr’ouvrir comme un blasphème
Qu’absence éternelle de lit
What can I do, I am losing you
La peur mortelle qui s’accroche à la fin d’un amour
We only said goodbye with words I died a hundred times You go back to her And I go back to- I go back to us
Il n’y a de véritables adieux qu’en prison
Le soleil sur l’étang derrière l’usine à gaz
Toi aussi tu aimes un ami, tu sais ce que c’est que cet autre Vous-même… Il ne peut pas mourir sans que je l’aie revu au moins une fois, mourir loin de moi ainsi, c’est trop affreux !
que nous le perdîmes de vue
Le ballon s’éleva si haut
Le bruit incessant des vagues se brisant sur les tôles
Elle lui baisa encore la bouche,
Le visage et les deux yeux tendre-
Ment ; puis elle partit, si triste
Je suivrai toi partout. Ne sui-vez point moi
Le Tibre seul, qui vers la mer s’enfuit,
Reste de Rome. O mondaine inconstance !
Ce qui est ferme, est par le temps détruit,
Et ce qui fuit, au temps fait résistance.
Cet autre signe de l’éloignement et de la dépossession : l’âge, Le temps perdu
Tout en rien doit un jour devenir … tout retourne à son Commencement
Le sujet propre à la poésie, c’est l’impossible, et pourtant le Croyable. Il est impossible que la matière soit esprit, et Pourtant l’on a cru que le ciel, d’où semblait partir la foudre, Etait Jupiter.
Je cherche avec elle (Julie) la relation entre l’ombre et la Lumière. Elle voit du rose dans les lumières, du violet dans les Ombres.
L’attirance de la mort
Trop vive saisit ce que nul lien n’assemble.
La proximité devenait séparation ; l’extase s’estompait. On Était seul. Il y avait un enlacement dans la mort
Mais ce qui était proche se retirait ; la tension se relâchait. Il Était passé ce moment.
Et pourquoi m’ayant créée, m’ont-ils ainsi cruellement
Séparée, moi qui ne suis qu’un ? pourquoi ont-ils porté aux
Extrémités de ce monde mes deux moitiés palpitantes,
Ensemble et séparés. Loin de toi avec toi.
Que fait dieu depuis qu’il a créé le monde ?
Il forme des couples
La dualité est belle lorsqu’elle est consciente de la non Dualité
Mit dir
Auf der Stimmbänderbrücke, im
Großen Dazwischen,
Nachtüber
Avec toi
Sur le pont de cordes vocales, dans le
Grand entre-deux,
Franchissant la nuit
Nous nous séparons enlacés.
Quand elle est amoureuse
Tout se tisse et se déchire
Isabelle semait des présents en s’éloignant
Le chant de l’oiseau dans notre cour sans arbre était une Trouée de fraîcheur
Peut-être un de mes nerfs saura s’unir avec la tige
Et nous nous arbrerons d’un seul jet sur la tombe.
La Terre, la Terre unique, la Terre du berceau,
Blessée en plein cœur par cette tombe
Nor where we live but where we love, the soul
Non où tu vis mais où tu aimes, l’âme.
Références.
1.- « Il est impossible de s’imaginer la solidité
Des relations à l’époque. Par principe
On ne laissait jamais place au flottement de sorte Que tout était utile. Les gens mouraient
Ravis de la longue attente »
John Ashbery in le tout et le reste in Autoportrait dans un miroir convexe.
2.- « Puis la gentillesse basculait pour la dernière fois L’être humain, inconsistant par essence, semblable à la poussière portée par les aires, ne supporte aucun lien »
- Kafka, La construction de la muraille de Chine, trad. S. Rilling.
3.- De la pierre de taille du pont, d’où il est allé s’écraser dans la vie, initié au vol par les blessures, — du Pont Mirabeau. Où ne coule pas la rivière Oka. Et quels amours ! »
- Celan In Choix de poèmes, La rose de personne © Poésie/Gallimard 1998, p. 213 (extrait)
4.- « Je suis toi quand je suis moi »
- Celan, Éloge du lointain choix de poèmes poésie Gallimard p.43.
5.- « Une nasse a capturé dans ses mailles une nasse
Nous nous séparons enlacés »
Idem
6.- “Et quelque part dans cet instant existe la possibilité que nous ne nous revoyons jamais” K. Koch, La poésie comme on respire, Joca Seria 2021 p.91.
7.- « Pas de lettres ! Apparemment aucun lien ! Ta main fine et pâle Voilà ce qu’il était, ta blondeur et ton regard-en arrière-lancé-vers-moi… Vingt secondes qui valaient vingt-cinq ans » K. Koch, La poésie comme on respire, Joca Seria 2021, p. 102-103
8.- « Dans ces moments de permanence que nous partagions En marchant tous les deux » K. Koch, La poésie comme on respire, Joca Seria 2021 p 106
9.- « Tout de suite élargie en fluvial bosquet, elle étale un nonchaloir d’étang plissé des hésitations à partir qu’a une source ».
Mallarmé, Nénuphar blanc, Divagations, E. Fasquelle, 1897, Gallica, pp. 35-40
10.- « Comme sous le silence spacieux de ce que s’annonçait l’étrangère »
Mallarmé, Nénuphar blanc, Divagations, 1897 pp. 35-40
11.- « Séparés, on est ensemble : je m’immisce à
Sa confuse intimité, dans ce suspens sur l’eau où
Mon songe attarde l’indécise, mieux que visite, suivie d’autres, l’autorisera ».
Mallarmé, Nénuphar blanc, Divagations, 1897 pp. 35-40
12.- « Résumer d’un regard la vierge absence éparse en cette solitude »
Mallarmé, Nénuphar blanc, Divagations, 1897
13.- « Dans la stalle vacante à mes côtés, une absence d’ami… témoignait du goût général à esquiver ce naïf spectacle ».
Mallarmé, Divagations, 1897, p.21
14.- « L’absence d’aucun souffle unie à l’espace, dans quel lieu absolu vivais-je ?».
Mallarmé, Divagations, 1897, p.23
15.- « A n’entr’ouvrir comme un blasphème
Qu’absence éternelle de lit »
Mallarmé, une dentelle s’abolit.
16.- «What can I do, I am losing you» Anna Ternheim, Leaving on a Mayday, 2008.
17.- « La peur mortelle qui s’accroche à la fin d’un amour » Véronique Samson, Le feu du ciel.
18.- « We only said goodbye with words I died a hundred times You go back to her And I go back to- I go back to us » Amy Winehouse
19.- « Il n’y a de véritables adieux qu’en prison »
Max Jacob, Le laboratoire central, Poésie Gallimard, 1960, p.113
20.- « Le soleil sur l’étang derrière l’usine à gaz »
ibid. p. 44
21.- « Toi aussi tu aimes un ami, tu sais ce que c’est que cet autre vous-même… Il ne peut pas mourir sans que je l’aie revu au moins une fois, mourir loin de moi ainsi, c’est trop affreux ! »
Max Jacob, Lettre à René Villard in Lettres à René Villard II, présentation Y. Pelletier, Rougerie, 1982, p.11
22.- que nous le perdîmes de vue »
« Le ballon s’éleva si haut
- Cadiot, L’art poetic’, POL, 2023, p.38
23.- « Le bruit incessant des vagues se brisant sur les tôles »
- Cadiot, L’art poetic’, POL, 2023, p.88
24.- « Elle lui baisa encore la bouche,
Le visage et les deux yeux tendre-
Ment ; puis elle partit, si triste »
- Cadiot, L’art poetic’, POL, 2023, p.126
25.- « – Je suivrai toi partout. Ne sui-vez point moi »
- Cadiot, L’art poetic’, POL, 2023, p.241
26.- « Le Tibre seul, qui vers la mer s’enfuit,
Reste de Rome. O mondaine inconstance !
Ce qui est ferme, est par le temps détruit,
Et ce qui fuit, au temps fait résistance. »
- du Bellay, Les antiquités de Rome, poésie Gallimard, 1967, p.30
27.- « Cet autre signe de l’éloignement et de la dépossession : l’âge, le temps perdu »
- Borel à propos de J. du Bellay in J. du Bellay, Les antiquités de Rome, poésie Gallimard, 1967, p.18
28.- « Tout en rien doit un jour devenir … tout retourne à son commencement »
- du Bellay, Les antiquités de Rome, poésie Gallimard, 1967, n°18, n°20.
29.- « Le sujet propre à la poésie, c’est l’impossible, et pourtant le croyable. Il est impossible que la matière soit esprit, et pourtant l’on a cru que le ciel, d’où semblait partir la foudre, était Jupiter », G. Vico, trad. Par J. Michelet (1798-1874). In Œuvres complètes de J. Michelet. T. 27. 1893-1898 de Vico, La science nouvelle, Gallica Livre II de la sagesse poétique, de la métaphysique poétique.
« Impossibile credibile » « Son domaine est dans l’impossibilité croyable. Est-il possible en effet que nos corps soient des esprits, et que le ciel orageux soit Jupiter ?» G. Vico, La science nouvelle, trad. C. Trivulzio, Tel Gallimard, 1993, p.135.
30.- « Je cherche avec elle (Julie) la relation entre l’ombre et la lumière. Elle voit du rose dans les lumières, du violet dans les ombres ». Berthe Morisot, Carnets, 1885-1887.
31.- « L’attirance de la mort
Trop vive saisit ce que nul lien n’assemble ». Hölderlin, « Grèce I », Poèmes, trad. G. Roud, Allia, 2023, p.93.
32.- « Mais ce qui était proche se retirait ; la tension se relâchait. Il était passé ce moment », V. Woolf, Mrs Dalloway, p. 228, Le livre de poche, (1925) 1993.
33.- « La proximité devenait séparation ; l’extase s’estompait. On était seul. Il y avait un enlacement dans la mort » V. Woolf, Mrs Dalloway, p. 350, Le livre de poche, (1925) 1993.
33 et 34.- « Et pourquoi m’ayant créée, m’ont-ils ainsi cruellement séparée, moi qui ne suis qu’un ? pourquoi ont-ils porté aux extrémités de ce monde mes deux moitiés palpitantes »
« Ensemble et séparés. Loin de toi avec toi. »
Paul Claudel, Le soulier de satin, 1929
35.- « Que fait D.ieu depuis qu’il a créé le monde ?
Il forme des couples »
Rabbi Yosé ben Helpetha (Sepphoris II° siècle)
36.- « La dualité est belle lorsqu’elle est consciente de la non dualité », Gabriel Hagaï, Itinéraire d’une initiation, Vues de l’esprit, Bruxelles, 2025, p.120.
37.- Mit dir
Auf der Stimmbänderbrücke, im
Großen Dazwischen,
Nachtüber
Avec toi
Sur le pont de cordes vocales, dans le
Grand entre-deux,
Franchissant la nuit
- Celan, Renverse du souffle, points, 2003, p.168 et 169
38.- « Quand elle est amoureuse
Tout se tisse et se déchire »
- Moussempès, Sauvons l’ennemie, Flammarion, 2025, p.40.
39.- « Isabelle semait des présents en s’éloignant
Le chant de l’oiseau dans notre cour sans arbre était une trouée de fraîcheur »
- Leduc, Thérèse et Isabelle, Folio, p.40.
40.- Peut-être un de mes nerfs saura s’unir avec la tige
Et nous nous arbrerons d’un seul jet sur la tombe.
La Terre, la Terre unique, la Terre du berceau,
Blessée en plein cœur par cette tombe
Juljan Tuwim, trad. Armand Robin, Mesures, janvier 1939.
41.- Nor where we live but where we love, the soul
Non où tu vis mais où tu aimes, l’âme.
Kathleen Raine, Sur un rivage désert, trad. J. Mambrino et M-B Mesnet, La Coopérative, 2025.
Avertissement : le texte n’a voulu ajouter sur terre que le moins de phrases possibles et a donc choisi de pasticher-transformer-par-contrainte ce qui existe déjà : des pieuvres de grands rhétoriqueurs, de troubadours, de Mallarmé et même de Paul Fort.
Pour le colophon :
Un relathon est un texte dans lequel les segments entre deux entités sont les acteurs. Une grammaire des segments possibles et de leur enchaînement tient en une douzaine de cas, les autres contacts sont faibles ou communs. Chaque segment dual est des deux côtés de la « causeuse » en bilocation. En effet, les deux relata finissent par se ressembler et peuvent être dans deux endroits en même temps. La contrainte est donc de présenter des duos en constituant une conjugaison truale (une conjugaison qui se fait à la truelle pour combler les espaces entre les pierres, les entités, de l’intérieur ou de l’extérieur). Le cahier des charges invite à ne pas employer un mot que Max Jacob trouvait particulièrement laid : la relation (et aussi le lien et le rapport), et qui tend à essentialiser le duo en en faisant une nouvelle entité telle une chaîne, alors qu’il s’agit d’une distance sous l’égide d’un autre espace en transformation perpétuelle.